International Research Foundation for RSD/CRPS

Traduction: Lic. Caridad Karell Marín
Dép. Traductions
Infomed–CNICM
Cuba




Université du sud de la Floride
Le 6 août 2003

Emploi des opiacés (narcotiques) pour le traitement de la DSR/SDRC chez les adultes et les enfants

Table des matières:

Introduction
Effets indésirables
Accoutumance
Emploi chez les enfants
Messages spéciaux
Questions et réponses
Références

Animateur: Dr Anthony Kirkpatrick

Panel international des experts représentant la neurologie, l'anesthésiologie et la psychiatrie:

Dr. Ralph-Thomas Kiefer
Anesthésiologiste
École de Médecine de l'Université Eberhard-Karls (Tübingen, Allemagne)

Dr. Stephen M. Butler
Anesthésiologiste
Université d'Uppsala (Uppsala, Suède)

Dr. Robert Schwartzman
Neurologue
École de Médecine de l'Université MCP Hahnemann (Philadelphie, Pennsylvanie, E.-U.)

Dr. Maria Wilson
Neurologue
Université du sud de la Floride (Tampa, Floride, E.-U.)

Dr. Anthony Kirkpatrick
Anesthésiologiste
Université du sud de la Floride (Tampa, Floride, E.-U.)

Dr. Alyssa LeBel
Neurologue
École de Médecine d'Harvard (Boston, Massachusetts, E.-U.)

Dr. Sabine Kost-Byerly
Anesthésiologiste
Université Johns Hopkins (Baltimore, Maryland, E. -U.)

Dr. Seddon Savage
Anesthésiologiste
École de Médecine de Dartmouth (Manchester, New Hampshire, E.-U.)

Dr. Martha Brown
Psychiatre
UUniversité du sud de la Floride (Tampa, Floride, E.-U.)


INTRODUCTION


Dr. Kirkpatrick:
Soyez bienvenus! Nous avons eu le bonheur d'avoir réuni dans notre panel, un groupe de médecins bien réputés pour leur compétence en l'emploi des opiacés dans le traitement des syndromes de la douleur chronique. Je suis Anthony Kirkpatrick, vice-président de la Fondation internationale de recherches sur la DSR/SDRC, et l'un des membres du corps enseignant de l'Université du sud de la Floride. La Fondation internationale de recherches sur la DSR/SDRC a été le leader de la formation des professionnels de la santé dans le monde entier sur le syndrome de la douleur chronique appelé Dystrophie sympathique réflexe ou DSR.

Ce syndrome appartient à un type de syndrome de douleur chronique appelé Douleur neuropathologique, c'est-à-dire une douleur attribuable à une pathologie des nerfs. Ce syndrome a été récemment associé au Syndrome douloureux régional complexe. Ce syndrome est une condition neurologique affaiblissante, douloureuse et chronique qui affecte des millions de personnes ici dans ce pays et dans le monde entier. Beaucoup de personnes dans cette salle pourraient se souvenir du Premier symposium international sur la DSR tenu à cette université il y a à peine un an.

Cette année nous avons suivi une approche différente. Cette année nous allons utiliser une technique avancée. L'École de médecine de cette université va célébrer pour la première fois un symposium de santé en direct et interactif pour un auditoire international de professionnels de la santé via Internet. Dans peu de minutes, nous serons en contact avec des experts de l'Allemagne, de la Suède, ainsi que des universités de tous les États Unis, dans un débat en direct et interactif sur l'Internet. Ce symposium va axer sur l'emploi des opiacés dans le traitement de la DSR aussi bien chez les adultes que les enfants.

Le panel international est multidisciplinaire, représentant les domaines de la neurologie, la psychiatrie et l'anesthésiologie. Nous sommes en train de transmettre aujourd'hui en direct et par une bande passante à basse fréquence, afin que cette émission soit accessible à un auditoire international plus large ; cependant, la version de post-production de cette émission sera diffusée par une largeur de bande à haute résolution sur l'Internet. L'émission est divisée en trois sujets indépendants. Chacun d'entre eux sera présenté par le groupe d'experts connus pour leur compétence en ce domaine, suivis d'un débat en direct entre les experts dans notre salle, ainsi que par les experts dans plusieurs universités du monde entier.

En ce qui concerne les orateurs des endroits lointains, vous ne pourrez pas les voir parce qu'ils seront au téléphone. Nous avons dû faire ça pour éviter le décalage de 15 à 20 seconds, dû à la transmission de la vidéo sur l'Internet. Néanmoins, les présentations de leurs diapositives seront diffusées en direct sur l'Internet depuis ici, le campus de l'Université du sud de la Floride. Les orateurs vont référencer les publications spécifiques au cours de leurs présentations pour appuyer leurs conclusions. Ces références seront séparément publiées sur ce site de l'Internet. Dans les conclusions des présentations et des débats, tous les orateurs auront l'opportunité à la fin du symposium d'offrir leur message spécial. Nous estimons que ce symposium aura une durée d'une heure et demi.

Voilà les trois sujets à débattre:

Au cours de la première présentation, vous allez connaître les effets indésirables des opiacés. Cette présentation nous viendra de l'École de Médecine de l'Université Eberhard-Karls en Allemagne.

Pendant la présentation du deuxième sujet, nous allons débattre les aspects concernant la dépendance, la diversion, aussi bien que le comportement aberrant pendant la prise d'opiacés. Cette présentation nous viendra en direct de l'École de Médecine de Dartmouth, aux États Unis.

Le sujet final sera un débat à l'égard de l'emploi des opiacés chez les enfants. Cette présentation nous viendra de l'École de Médecine d'Harvard aux États Unis.

Le public qui nous regarde est invité à faxer les questions qui seront répondues par nos experts. Le numéro du fax pour les États Unis est : indicatif de zone + 813-974-9099. Ces questions seront aborder à la fin de l'émission.

Avant de présenter notre illustre panel d'experts dans la salle, je voudrais remercier deux groupes de personnes de notre Université, qui ont fait ce colloque en direct et international possible. Ces personnes représentent le Département universitaire de Technologies de l'informatique et le Groupe de production de vidéos, qui fait partie de l'Équipe pour l'innovation des médias du Centre pour l'enseignement et l'excellence du XXI e siècle.

Maintenant, permettez-moi de vous présenter notre exceptionnel panel dans la salle. À ma gauche, nous avons Dr Maria Carmen Wilson, du Département de Neurologie de l'Université du sud de la Floride. Le Dr Wilson est la directrice du Programme pour le traitement de la douleur à l'Hôpital général de Tampa. Elle a beaucoup publié sur le sujet des maux de tête à douleur chronique.

Au côté de Dr Wilson, nous avons le Dr Martha Brown. Elle est du Département de Psychiatrie de l'Université du sud de la Floride. Le Dr Brown est un toxicologiste. Pendant presque deux décennies, elle a servi comme expert-conseil pour de nombreuses agences fédérales et de l'État dans le domaine de la toxicomanie, et elle a publié beaucoup de travaux avec ce sujet.

Finalement, je voudrais faire une modification à notre panel aujourd'hui. Le Dr Robert Schwartzman n'a pas vraiment besoin de présentation. Il était ici dans notre université cette semaine comme professeur visitant. Mais, justement avant que cette émission ne soit à l'antenne, il a reçu un coup de fil urgent de Philadelphie, et a dû retourner à Philadelphie ; en réalité il est dans l'avion en ce moment. Alors, ce que nous allons faire ici est de nous concentrer un petit peu sur les recherches que le Dr Schwartzman a faites en collaboration avec les chercheurs de l'Allemagne, en considérant spécifiquement l'emploi de la kétamine à faibles et hautes doses.

EFFETS INDÉSIRABLES DES OPIACÉS (NARCOTIQUES)

Heureusement, nous avons ici aujourd'hui avec nous, notre premier orateur.

Notre premier sujet est les Effets indésirables des opiacés.

Je ne pouvais pas penser à une autre personne plus qualifiée pour en parler qu'au Dr Thomas Kiefer, de l'Allemagne, et comme j'ai mentionné auparavant, le Dr Kiefer a collaboré avec le Dr Schwartzman, alors nous allons voir une recherche d'avant-garde qui est en marche pour essayer de trouver, nous espérons qu'un possible remède ou au moins une sorte de rémission partielle pour ces patients. La raison pour laquelle je peux dire que le Dr Kiefer est un spécialiste en Effets indésirables c'est parce que son collègue le Dr Rohr et lui ont fait cette recherche dans leur université, dans l'École de Médecine de l'Université Eberhard-Karls, en Allemagne. Leur recherche avec la kétamine antagoniste de la NMDA montre une grande promesse pour le traitement des stades avancés de la DSR.

Soyez bienvenu, Dr Kiefer!

Merci beaucoup de venir à discuter les effets indésirables des opiacés avec nous aujourd'hui. Veuillez faire seulement une présentation très succincte sur quelques choses d'importance que les médecins doivent connaître sur les effets indésirables, peu après nous allons faire un débat entre les experts ici aux États Unis et ailleurs dans le monde, et je voudrais que vous restiez en contact parce que je veux revenir à vous après cette discussion ; et je suis sûr qu'il y aura quelques questions à vous poser. Dr Kiefer, soyez bienvenu. Veuillez nous parler sur les effets indésirables des opiacés.

Dr. Kiefer:
Dr Kirkpatrick! Je vous remercie de votre aimable présentation, et avant tout, de la grande possibilité que vous m'avez donnée de participer aujourd'hui à cette réunion. Bon, nous allons faire notre présentation au sujet des effets indésirables du traitement opiacé.

Il y a quelques jours, nous avons fait une recherche sur Medline depuis 1966 jusqu'à présent pour réviser l'évidence existante sur le traitement de la DSR/SDRC avec des narcotiques. Nous avons trouvé 2 788 articles, référencés à Medline, à propos de la DSR/SDRC. L'association de cette recherche au terme " Opiacés " a abouti à 32 articles seulement. À part ceux-ci, il n'y en a eu que 2 qui étaient des études contrôlées randomisées, et par conséquent une évidence de haute qualité.

L'un de ces articles, celui du Dr Harke et all., publié dans Anesthesia and Analgesia en 2001, a examiné l'effet soit de la carbamazépine soit de la morphine après un premier traitement efficace pour la stimulation de la moelle épinière dans une population mélangée de 43 patients avec une douleur neuropathologique. À l'opposé de la morphine, la carbamazépine a montré un retard significatif de l'augmentation de la douleur après la stimulation efficace de la moelle épinière. Il n'y a eu que 2 patients de la carbamazépine et 1 patient de la morphine qui ont rapporté qu'ils étaient sans douleur. Concernant la morphine, ils ont conclu que le dosage de 90 mg/j était probablement insuffisant pour les stades de douleur neuropathologique.

Le deuxième article, celui de Glynn et all., publié dans Pain en 1993, a examiné l'effet de l'injection de morphine autour du ganglion stellaire. Ils n'ont rapporté ni un effet modulateur sur le système nerveux sympathique ni un soulagement de la douleur chez les patients atteints de DSR aux membres supérieurs, mais la conclusion la plus importante de cette étude semble être la manque d'une évidence valide de haute qualité pour traiter la DSR/SDRC par narcotiques.

Comme le Dr Kirkpatrick a précédemment dit, la DSR/SDRC est classée parmi les conditions neuropathologiques.

Tout d'abord, allons jeter un coup d'œil aux données existant sur les opiacés dans le traitement d'une douleur neuropathologique.

Jusqu'à la fin des années 80, le traitement de la douleur par des opiacés avait été réservé aux douleurs aiguës, et pour la guérison de la douleur chronique à la douleur cancéreuse. Ce stigmate a disparu plus tard, et aujourd'hui on accepte généralement que les opiacés puissent être un remède pour la douleur d'origine non maligne souvent dans le cas, par exemple, des stades de douleur neuropathologique.

Nous avons choisi quelques études exemplaires reflétant les connaissances actuelles sur les opiacés dans le traitement de la douleur neuropathologique. Cherny et all., publiés dans Neurology en 1994, ont décrit que la douleur neuropathologique est apparemment moins sensible aux opiacés, c'est-à-dire qu'elle exige des doses plus hautes que les douleurs trompeuses connues. Ainsi, l'observation que la douleur neuropathologique demande de hautes doses d'opiacés a été confirmée par beaucoup d'autres études. Par exemple, le travail de Portenoy et all., publié dans Pain en 1990, et celui des collègues en 1998, également publié dans Pain, pour citer seulement quelques études, appuient l'emploi des opiacés dans le traitement de la douleur neuropathologique. Dans une étude très bien dessinée et réalisée par Rowbotham, publié dans le New England Journal of Medicine, il a démontré que de hautes doses de narcotiques produisent un meilleur soulagement de la douleur neuropathologique, mais elles sont également associées à une incidence plus haute des effets indésirables et secondaires.

Maintenant, allons regarder de plus proche les effets secondaires les plus fréquents, lesquels sont notamment observés lorsqu'il y a une prise de narcotiques.

La plupart des effets secondaires sont cliniquement observés quand un traitement opiacé a débuté, et beaucoup d'entre eux s'améliorent ou même disparaissent au cours du traitement.

Les effets secondaires les plus fréquents cliniquement sont:

Nausée et vomissements, constipation, sédation et d'autres symptômes non spécifiques du système nerveux central. La nausée et les vomissements sont des effets directs des opiacés sur la zone gachette chémoceptrice ou sur la zone gachette appelée émétique dans le cerveau. La nausée et les vomissements sont des effets secondaires de tous les opiacés.

Parmi les effets secondaires les plus importants des narcotiques, on peut trouver la constipation, laquelle peut entraîner des problèmes cliniques sévères. Les opiacés réduisent directement la motilité, donc le fonctionnement normal de l'estomac et des intestins, et entraîne l'augmentation du tonus du sphincter gastro-intestinal, conduisant entièrement à la constipation. Dans cet aspect, l'essentiel est de comprendre que l'effet des narcotiques sur l'appareil gastro-intestinal n'indique apparemment aucune tolérance, par conséquent on peut espérer que la fonction intestinale ne pourra pas s'améliorer au cours de la thérapie.

Les opiacés peuvent aussi provoquer la rétention de l'urine, notamment en augmentant le tonus des muscles lisses dans les tractus urinaires et les sphincters de la vessie. Ce problème semble être plus significatif quand les opiacés sont utilisés par injection épidurale. Les patients rapportent souvent des effets non spécifiques du système nerveux central. Parmi eux, on peut trouver la lassitude et la fatigue, l'altération de la fonction cognitive, telles que la capacité de penser, parfois la dysphorie ou l'altération de l'humeur, la confusion et le vertige.

Du point de vue légal et clinique, le plus important c'est avant tout l'altération de la capacité de réaction quand la thérapie avec opiacés commence ; par conséquent, les patients chez nous (en Allemagne) ne sont pas autorisés à conduire une voiture pendant une thérapie par narcotiques. Chez les patients avec une bonne réponse aux opiacés, ces effets indésirables sont intermédiaires et peuvent s'améliorer ou encore disparaître après environ une semaine de traitement. En plus de ces effets secondaires fréquents, d'autres effets secondaires rares sont présents.

Les effets secondaires énumérés sur cette diapositive sont rares ou leur prévalence exacte est inconnue. On croît que le prurit ou le sentiment de démangeaison sévère est un effet sur le système nerveux central. Il est rarement observé quand les opiacés sont administrés par voie orale, mais il est très fréquent après un emploi épidural ou intrarachidien. Dahl et all. ont rapporté en 1999 dans Anesthesiology, une incidence de prurit de 51% après l'emploi de la morphine par voie épidurale. Les données concernant les effets des opiacés sur la diurèse ne sont pas claires. Les données existant ont été rapportées depuis les années 50 jusqu'aux années 70, surtout collectées de façon peropératoire, et on pense actuellement que la plupart des effets rapportés étaient plutôt associés à un traitement liquide peropératoire inadéquat qu'à un effet spécifique des opiacés.

La diaphorèse ou augmentation de la sudation est rapportée par quelques patients, mais les mécanismes sous-jacents demeurent incertains. Des contractions involontaires myocloniques des muscles sont aussi observées chez quelques patients. Les mécanismes étant à la base des mouvements myocloniques et de la rigidité musculaire induite par des opiacés demeurent inconnus. Les attaques ont été aussi rapportées pendant l'emploi des opiacés, spécifiquement après l'emploi de la mépéridine.

Depuis peu, on a aussi éclairci que les opiacés ont des effets neuroendocriniens. Les effets sont cliniquement très importants et significatifs sur les fonctions sexuelles du patient. Apparemment, les opiacés influencent négativement la libido, mais peuvent aussi conduire à une dysfonction érectile. Cette dépression de la fonction sexuelle semble être plus fréquente chez les hommes que chez les femmes. L'intrusion dans le cycle menstruel féminin a été aussi rapportée. L'aménorrhée ou interruption de la période, et la galactorrhée ou production et flux du lait, ont été rapportés chez la jeune femme pendant l'administration d'opiacés par voie épidurale.

Enfin, mais notamment, il reste à mentionner quelques effets très rares des opiacés résultant des rapports d'un seul cas ou de très peu de cas, tel que l'œdème ou accumulation anormale de liquide, notamment aux membres inférieurs, dû probablement à une agglutination veineuse périphérique qui se produit au cours d'une thérapie opiacée. D'autres symptômes psychiatriques, principalement des hallucinations et des symptômes psychotiques, ont été rapportés. On connaît que la détresse respiratoire est un effet spécifique des opiacés. Cependant, en présence d'une douleur sévère, étant un fort stimulus respiratoire, la détresse respiratoire est presque cliniquement insignifiante quand la thérapie opiacée est correctement employée et adéquatement suivie.

Les douleurs sévères de la polyarthralgie de nombreuses articulations qui surviennent après la prise d'opiacés et de l'emploi des opiacés par voie épidurale, ont été aussi rapportées, principalement chez la jeune femme. Jusqu'à maintenant, le mécanisme est mal connu, mais la suppression de la libération de cortisol est suspectée. L'asthme ou l'asthme appelée analgésique est une condition très rare après l'administration d'opiacés. Les mécanismes sont aussi mal connus.

Récemment, un nombre croissant de rapports indique que le traitement avec des narcotiques sous certaines conditions, par exemple l'administration de doses plus hautes à long terme peut conduire à un stage de douleur pathologique, tel que l'hyperalgésie ou l'allodynie. La recherche de base indique que les opiacés peuvent causer la formation d'un tractus épidural, provocant ces symptômes.

En conclusion, nous voudrions dire ce qui suit:

La survenue des effets indésirables des narcotiques ou opiacés semble dépendre de la dose. L'expérience clinique et l'évidence publiée indiquent que le taux des effets indésirables des opiacés est haut pour ceux qui ne répondent pas et pour ceux qui répondent partiellement par rapport aux patients montrant un bénéfice évident avec un traitement par narcotiques. En plus du dosage, le taux d'augmentation des concentrations des opiacés dans le sang est très important. Ainsi, c'est probable que les formules de délivrance immédiate produisent plus d'effets indésirables que les formules de délivrance constante ou lente.

Cliniquement, c'est très important pour un médecin de comprendre que les patients, subissant des effets secondaires sévères, refusent souvent de continuer la thérapie opiacée. L'obtention d'une information détaillée sur le patient au cours du traitement est donc très importante, mais dans la certitude que beaucoup de ces effets secondaires observés au début vont disparaître au cours du traitement.

C'est très important pour nous de dire aussi que dans le cas où les effets secondaires seraient persistants et intolérables, cela peut indiquer une absence de sensibilité aux opiacés. En cas de suspicion, il semble obligatoire de vérifier la sensibilité aux opiacés et de prouver que les patients bénéficient vraiment de la thérapie opiacée. Est-ce que les effets indésirables sévères devraient pourtant persister en même temps que le soulagement significatif de la douleur, donc la soi-disant rotation des opiacés, c'est-à-dire le changement du type d'opiacé, pourrait être un espoir?

Permettez-moi d'insister sur une dernière question, s'il vous plaît. Soyez attentifs des patients traités par des opiacés. Avant de commencer une thérapie à long terme par des narcotiques, une réduction significative de la douleur après un traitement opiacé doit être manifestement démontrée. Les effets secondaires doivent être reconnus en avance et traités en conséquence. La prophylaxie de la constipation doit être systématiquement administrée aux patients. Après tout, on ne peut pas oublier que la thérapie par narcotiques ne représente qu'une pièce dans le casse-tête d'une approche multidisciplinaire au traitement suffisant de la douleur chronique.

Nous espérons avoir pu donner un aperçu des effets indésirables de l'emploi des narcotiques dans les troubles douloureux chroniques. Et merci beaucoup de votre intérêt et attention.

Cliquez ici pour les références du Dr Kiefer



Dr. Kirkpatrick:
Dr Kiefer, merci beaucoup de cet exposé si érudit et exhaustif sur les possibles effets indésirables des opiacés. Maintenant, nous allons passer à la discussion. Nous avons huit (8) experts répandus par tous les États-Unis et par le monde pour faire des commentaires à ce sujet. Eu égard au temps, cependant, je vais demander aux experts dans ces endroits différents et dans cet auditorium d'essayer de réduire leurs présentations à un ou deux minutes. Nous avons ici une personne qui va mesurer le temps et nous dire si nous excédons ces limites. Nous voulons donner la possibilité à autant des personnes que possible d'offrir leurs différentes opinions à ce sujet. Bon, heureusement nous avons avec nous depuis un endroit lointain le Dr Stephen Buttler.

Le Dr Butler a commencé sa carrière comme spécialiste en traitement de la douleur dans l'Université de Washington. C'est là où il a dirigé le Programme de traitement de la douleur. Vous, experts dans le domaine de la douleur, vous devez savoir que c'est là où John Bonica a commencé un programme de traitement de la douleur. Ce programme est tenu en haute estime dans le monde entier comme leader du traitement de la douleur. D'ici, il est allé en Suède, et là dans l'Université d'Uppsala, il est maintenant le Directeur du programme de traitement de la douleur. L'une des aires de sa recherche actuelle est consacrée à l'impact de l'immobilisation sur l'exacerbation du syndrome de la dystrophie sympathique réflexe. Dr Buttler, êtes-vous avec nous ici?

Dr. Steve Butler:
Oui.

Dr. Kirkpatrick:

Laissez-moi expliquer une chose. Dr Butler, c'est très difficile pour vous de nous rejoindre aujourd'hui, parce que, vous savez, le Dr Butler est en vacance en ce moment. Il n'est pas en Suède, il se trouve qu'il est au Canada. Et d'après ce que j'ai compris, Dr Butler, vous êtes quelque part dans une cabane quelconque qui donne sur un lac, et la seule chose que vous avez pris a été un téléphone. Est-ce que ça c'est réellement le tableau là bas?

Dr. Butler:
Oui, c'est ça. Mais aujourd'hui nous avons aussi de la pluie, donc celle-ci est une belle manière de passer le temps quand je ne peux pas sortir en dehors.

Dr. Kirkpatrick: Bon, écoutez. Je voudrais vous remercier personnellement d'avoir consacré votre temps de vacance à partager vos connaissances avec nous, votre expérience avec cet auditoire. Au sujet des effets indésirables, est-ce qu'il y a quelque chose que vous vouliez mettre en relief ou faire des commentaires ou nous poser des questions sur ce domaine en particulier?

Dr. Butler:
Bon. Je pense que le Dr Kiefer a fait un travail merveilleux à propos des effets secondaires des opiacés, alors je n'ai plus rien à ajouter. La seule chose qui m'a surpris c'est l'interdiction de conduire sous un traitement opiacé en Allemagne, cependant il y a quelques recherches nouvelles en marche en Finlande qui montrent que chez les patients atteints par cette souffrance, la douleur sans traitement a beaucoup plus d'effet sur la capacité de conduire que les opiacés, et le rendement des patients améliore quand ils ont un traitement opiacé. Ça c'est seulement un petit éclairage supplémentaire. L'autre chose dont je voudrais parler est les opiacés à long terme.

L'un de mes collègues a fait une recherche qui a montré que les opiacés n'influent pas seulement sur la libido, mais ils semblent affaiblir l'axe pituitaire hypothalamique, et il y a une dépression de beaucoup de fonctions endocriniennes, telles que la thyroïdienne et la surrénale, avec les opiacés à haute dose chronique. C'est une chose qui pourrait expliquer beaucoup d'effets dans un sens plus large, pourquoi est-ce que d'habitude les patients ne se sentent pas bien avec les opiacés à haute dose pendant longtemps.

Dr. Kirkpatrick:
Dr Butler, je voudrais évoquer un autre point d'intérêt. Comme vous savez, le Dr Kiefer a mentionné l'idée de passer d'un opiacé à un autre en changeant les médications. Nous connaissons qu'il y a un exemple très net d'un opiacé, un opiacé très souvent utilisé qui a quelques propriétés uniques, et il se trouve que c'est la méthadone.

Comme vous savez, la méthadone a une activité antagoniste à la NMDA. Pour tous ceux qui pourraient ne pas être familiarisés avec elle, nous croyons que le récepteur de la NMDA est très important pour la douleur neuropathologique. Et qu'est-ce qu'on a rapporté dans la littérature ? Quand vous cherchez la méthadone dans les tableaux de conversion, par rapport à la morphine, par exemple, vous allez trouver un effet analgésique plus fort, en d'autres termes, beaucoup plus qu'on n'attendait. Cela a été attribué aux effets antagonistes de la méthadone à la NMDA. La méthadone est en réalité une mixture racémique, elle a un isomère D. C'est l'isomère D qui semble être là l'antagoniste actif du récepteur de la NMDA. Alors, je voudrais vous demander quel autre rôle est attribué à la méthadone en Suède, expliquez-nous seulement en termes de programmes contre la dépendance, de programmes de réhabilitation par opposition au traitement de la douleur?

Dr. Butler:
Le gouvernement suédois est très strict avec l'emploi de la méthadone, et la plupart des médecins pensent qu'elle ne peut être utilisée que pour le traitement de la dépendance, de la dépendance aux opiacés. Ce n'est pas exactement vrai et nous l'avons utilisé de plus en plus au cours de ces cinq dernières années, parce que nous avons trouvé chez certains patients qu'elle a un meilleur effet que les autres opiacés. Beaucoup de patients la préfèrent aussi parce qu'ils se sentent plus stables que quand ils utilisent des agents à action immédiate. Maintenant, nous avons beaucoup plus d'agents à action lente dans le marché en Suède et il y a donc d'autres options. Personnellement, je crois que la méthadone est probablement peu utilisée pour la douleur chronique, non maligne, et qu'il nous faut beaucoup d'études afin de trouver son utilité spécifique pour la douleur neuropathologique et probablement pour le syndrome douloureux régional complexe.

Dr. Kirkpatrick:
D'accord. Bon, il y a un domaine que je suis obligé de mentionner et qui est associé à ce problème de la constipation que nous avons trouvée chez les patients qui sont traités par des opiacés chroniques. Je ne sais pas combien d'autres médecins, qui sont ici aujourd'hui, ont eu cette expérience, mais j'ai eu quelques expériences incroyables avec l'emploi des opiacés chez les patients, changeant littéralement leurs vies, et nous allons parler d'abord sur le traitement de la dystrophie sympathique réflexe. D'autre part, je dois vous parler d'une patiente parce que je crois qu'il a des rapports avec cette histoire.

Une femme relativement jeune, âgée de 28 ans, était touchée de DSR des membres supérieurs et du membre inférieur droit, avec une douleur sympathiquement indépendante, alors les blocks nerveux et les blocks sympathiques n'ont pas été en réalité aussi effectifs. C'est ainsi que nous avons vraiment essayé toutes les options de traitement. Finalement, nous avons essayé les opiacés, changeant littéralement sa vie. Elle a retourné au travail, était plus active, s'est occupé de sa famille, et ainsi de suite.

Cinq ans après, elle est revenue à me voir et elle avait une cicatrice par ici, bon exactement par ici, jusqu'ici en bas (Le Dr Kirkpatrick montre de la partie supérieure à la partie inférieure de l'abdomen), et je lui ai demandé la cause de cette cicatrice. Et elle m'a raconté qu'elle avait l'abdomen enflé et qu'on l'a emmené à l'hôpital, qu'elle a été examinée par échographie, qu'on a écarté une grossesse, et que finalement on a déterminé qu'elle avait une impaction fécale. Elle n'a pas pensé que c'était très grave parce qu'elle avait parfois des diarrhées. Mais on l'a enlevé parce qu'on craignait une ischémie intestinale. Et quand on l'a pesé, il pesait 22 livres. 22 livres! Et elle a joui de cinq ans, mais elle a fini par avoir ce problème.

Je voudrais demander au panel ici dans l'auditoire s'ils ont eu cette sorte d'expérience. Qu'en pensez-vous, Dr Wilson ? Est-ce que vous vous êtes heurté au syndrome intestinal narcotique?

Dr. Maria Carmen Wilson:
Oui, mais heureusement non pas si extrême.

Dr. Kirkpatrick:
Ça a été moins de 22 livres?

Dr. Wilson:
Certainement. Et en réalité je n'ai eu personne qui aurait eu vraiment besoin d'être opérée. Je lutte beaucoup pour la prophylaxie de cela. Je mets tout le monde sous un régime intestinal très agressif, mais de temps en temps les personnes ont encore des problèmes.

Dr. Marsha Brown:
En réalité, je n'ai pas eu ce problème parmi mes patients, mais je n'ai pas traité… Moi, je suis opposée en termes d'accoutumance, et je considère essayer parfois d'en débarrasser ces gens ou de savoir s'ils ont besoin d'en prendre ou pas. Mais certainement j'ai entendu dire que beaucoup de gens ont eu cette difficulté, et en particulier dans les cliniques de méthadone où ils ont été traités par la méthadone, l'une des plaintes les plus souvent exprimées par eux est qu'ils souffrent de la constipation.

Dr. Kirkpatrick:
Très bien! Bon, allons parler un peu plus sur les récepteurs de la NMDA parce qu'elle a beaucoup à voir avec les syndromes de douleur neuropathologique, Dr Kiefer?

Dr. Kiefer:
Oui, je suis encore en ligne.

Dr. Kirkpatrick:
Très bien! Dr Kiefer, vous et Dr Rohr, vous avez fait une recherche d'avant-garde sur la kétamine à haute dose. C'est là où vous pratiquez l'anesthésie générale sur les patients, vous les intubez, et les hospitalisez à l'Unité des soins intensifs pendant 5 ou 7 jours ; mais vous avez aussi fait un travail sur la kétamine à faible dose. Pourriez-vous nous mettre à jour, Dr Kiefer. Je sais que vous avez fait cela avec la collaboration du Dr Schwartzman (comme j'ai précédemment indiqué, il a dû partir pour Philadelphie sans délai), mais dites-nous en quel moment vous êtes dans vos études sur les patients sous kétamine à haute dose aussi bien qu'à faible dose, et faites une comparaison entre ces deux protocoles de traitement, s'il vous plaît.

Dr. Kiefer:
D'accord. Je voudrais commencer par la kétamine à faible dose. En fait, nous avons commencé à travailler avec la kétamine, comme vous avez correctement mentionné, qui est l'antagoniste de la NMDA le plus fort ou le plus fort actuellement disponible. En réalité, nous avons commencé ce travail en 1998, et vous avez aussi mentionné le traitement de la kétamine à haute dose, lequel est au fait le résultat de nos expériences avec la kétamine à faible dose. Alors, allons commencer par la kétamine à faible dose.

La kétamine à faible dose est essentiellement une thérapie d'infusion avec des doses croissantes de kétamine sur une période prolongée, normalement entre 6 (six) et 10 (dix) jours. La kétamine est administrée par voie intraveineuse. Et ce que nous pouvons dire en résumé c'est que si vous avez des patients de DSR/SDRC qui viennent en clinique aux premiers stages, le début de la maladie ne doit pas être plus long que 6 mois, et la maladie est encore localisée, cela veut dire que la maladie ne s'étend à nul autre membre qu'au premier membre affecté, vous voyez donc un certain succès avec la kétamine à faible dose. Le problème de la kétamine à faible dose est de maintenir le soulagement de la douleur. Nous avons récemment réalisé une série chez des patients très sévèrement affectés, ayant tous, une maladie de longue date entre 4 et 6 ans de SDRC, la plupart d'entre eux avec DSR dans tout le corps. Nous avons fait un essai de la kétamine chez ces patients. Et nous avons constaté que fondamentalement ces patients ne se sont pas beaucoup bénéficiés de la kétamine. Cependant, dans les mesures vous avez pu remarquer que leur sensibilité au toucher ou allodynie, s'est améliorée, mais le résultat clinique a été que la douleur n'a pas beaucoup changé chez ces patients.

We recently performed a series in very severe affected patients, who all had long standing disease between 4 and 6 years of CRPS, most of them with entire body RSD. We performed a trial of low-dose Ketamine on these patients. And we are seeing that these patients basically did not profit much from the ketamine. However in measurements you could detect that their touch sensitivity, or allodynia, got better, but the clinical outcome was that the pain in those patients was mainly not changed.

Maintenant, si vous êtes donnés à la kétamine à haute dose. Le traitement de kétamine à haute dose est un traitement agressif ; comme vous avez dit, il est un traitement essentiellement des soins intensifs où les patients sont intubés et mécaniquement ventilés sur une période de 5 jours sous kétamine à haute dose, ainsi que par midazolam pour éviter aux patients les effets secondaires caractéristiques de la kétamine, tels que l'agitation et les mouvements involontaires. Jusqu'à présent, nous avons pratiqué ce traitement sur 13 (treize) patients avec la collaboration du Dr Schwartzman. Ils étaient tous des patients intraitables, dont la DSR/SDRC devenait pire, et qui avaient subi plusieurs tentatives de traitement sans aucun succès. Et nous avons toujours constaté chez ces patients, c'est-à-dire chez tous les patients, une première réponse, laquelle a été très, très encourageante. Tous ces patients ont été sans douleur sur une certaine période. Le problème du traitement de la kétamine à haute dose est également de maintenir une réduction très effective de la douleur au début sur des périodes plus longues. Jusqu'à maintenant, nous voudrions dire que près de 50%-60% des patients de la kétamine à haute dose… Est-ce que vous me suivez encore?

Dr. Kirkpatrick:
Mais oui, mais oui! Nous sommes tous au bord de nos fauteuils!

Dr. Kiefer:
D'accord. Alors, je vais continuer! Il y a eu un click sur la ligne. Bon. Aujourd'hui, on peut dire que près de 50%-60% des patients ont des périodes plus longues, des mois, jusqu'à maintenant la période la plus longue des patients sans douleur est de 4½ ans (quatre ans et demi) sans problèmes, et on constate que c'est près de 50% à 60% des patients. Certains patients, près de 40%, ont une rechute des symptômes, et la cause de ces problèmes reste inconnue. Chez certains patients nous avons pu localiser une pathologie gachette telle que l'arthrite chronique du pied, laquelle semble déclencher de nouveau la douleur neuropathologique. Chez 2 patients à part de ces 13, nous avons trouvé une vraie rechute du SDRC à cause de l'intensité de la douleur éprouvée avant le traitement.

Dr. Kirkpatrick:
Dr Kiefer. Merci beaucoup. Tout ça nous met vraiment à jour à propos des antagonistes de la NMDA dans le traitement de la douleur neuropathologique, et je vous remercie beaucoup de toute cette information.

Dr Kiefer, restez là, s'il vous plaît. A la fin de cette émission, nous allons vous inviter à revenir parce que nous demandons à tous les orateurs de donner quelques messages spéciaux, et nous vous demanderons de nous aider avec ça.

Dr. Kiefer:
D'accord. Je reste là.

Dr. Kirkpatrick:
Très bien!



ACCOUTUMANCE

Dr. Kirkpatrick:
Maintenant, nous allons passer au deuxième sujet s'agissant de l'accoutumance, comportement médicamenteux aberrant, cette sorte de chose alors que le patient est sous un traitement opiacé.

Heureusement, nous avons avec nous aujourd'hui un expert renommé mondialement pour ça dans un endroit lointain. C'est le Dr Seddon Savage à l'École de Médecine de Dartmouth.

Le Dr Savage a particulièrement travaillé dans le contexte d'un patient étant un dépendant connu, et le traitement de cette douleur. Et une partie de son travail a été faite avec la collaboration de quelqu'un d'autre que nous tous connaissons, et c'est Russell Portenoy, à New York. Alors, je ne peux penser à personne d'autre pour nous donner le tableau actuel du traitement d'un patient qui est toxicomane ou qui a une propension à tomber en dépendance. Dr Savage?

Dr. Seddon Savage:
Oui! Merci beaucoup, Dr Kirkpatrick, et je voudrais vous remercier et remercier vos collègues d'avoir organisé cette conférence laquelle, je crois, est extrêmement inestimable et très innovatrice et passionnante. Merci beaucoup pour votre invitation.

Quand nous considérons la question de la dépendance dans l'emploi des opiacés pour le traitement des conditions chroniquement douloureuses, y compris des conditions telles que la DSR/SDRC, c'est très important pour nous d'être bien clairs de l'emploi des termes.

La confusion, par rapport aux termes tels qu'accoutumance, dépendance physique et tolérance, contribue significativement au pseudo-traitement de la douleur et à négliger la dépendance quand elle survient.

La dépendance physique et la tolérance sont des conséquences physiologiques prévues pouvant survenir lorsque les opiacés sont utilisés pendant un long espace de temps. Par contre, la dépendance est une condition pathologique, et non pas une conséquence de l'emploi thérapeutique opiacé approprié. La dépendance physique et la tolérance ne sont pas d'habitude des problèmes cliniques. D'ordinaire, elles peuvent être facilement traitées quand elles surviennent, et leur présence ne veut pas dire qu'un individu dépend de sa médication.

Comme la Société américaine de la médecine de l'addiction a défini, et la Société américaine de la douleur et l'Académie américaine de la médecine de la douleur ont accepté, la dépendance est une maladie primaire, chronique et neurobiologique qui a des facteurs génétiques, psychosociaux et environnementaux, influant sur son développement et sa manifestation. La dépendance est caractérisée par des comportements comprenant un ou plusieurs de ce qui suit:

Contrôle insuffisant de l'emploi des drogues ; emploi compulsif de médicaments ou drogues ; emploi constant de la drogue malgré le dommage et le besoin maladif à d'autres fins que le soulagement de la douleur, quand il s'agit des opiacés.

Il faut bien distinguer la dépendance de beaucoup d'autres conditions qui peuvent cependant engendrer certains comportements. Par exemple, lorsque la douleur n'est pas bien traitée, il peut sembler qu'un patient cherche des opiacés quand en réalité il cherche de se soulager la douleur, cependant certains parlent d'une pseudo-addiction. Une personne peut avoir anxiété, dépression, d'autres troubles d'humeur ou du sommeil et elle peut abuser des opiacés prescrits pour la douleur dans une tentative de traiter ces autres problèmes. Mais pour faire face à ces problèmes c'est plus effectif, habituellement, d'identifier cet abus, de savoir pourquoi ils les utilisent, d'instituer des traitements plus effectifs et appropriés, et de réserver l'emploi des opiacés pour le traitement de la douleur.

Bon, quand on parle des causes de la dépendance, on croît que la vulnérabilité biogénétique et le mode d'emploi de la drogue, produisant un flash ou une euphorie car ils stimulent les systèmes limbiques, sont des facteurs importants déclenchant la dépendance. Les facteurs psychologiques et sociaux sont aussi importants, mais principalement quand ils se développent, en encourageant ou décourageant l'emploi risqué des drogues. En plus, ils sont importants pour la réhabilitation de la dépendance, en développant les facteurs psychologiques et sociaux. Le stress, les effets physiologiques du stress, pourrait aussi jouer un rôle dans le développement de la dépendance chez les personnes vulnérables.

Le risque de développer une dépendance, étant utilisés les opiacés à long terme pour le traitement de la douleur, est vraiment mal connu.

Les données disponibles indiquent que le risque de développer une dépendance ou des problèmes sérieux d'abus des drogues chez les patients médicamentés utilisant des opiacés à long terme pour le soulagement de la douleur, est très faible, probablement au rang de 1 (un) sur 10 000 (dix mille) personnes. Cependant, quand nous avons traité la douleur chez les individus souffrant le syndrome douloureux régional complexe, il a fallu employer un opiacé à long terme, et nous devons être conscients que beaucoup de nos patients pourraient avoir une histoire de troubles d'accoutumance, nous ne pouvons pas donc compter sur ces estimations de risque très faibles.

Bon, l'estimation la plus fréquente de la prévalence de troubles d'accoutumance dans la population générale, y compris l'alcoolisme, est de 10% environ (dix pour cent), bien que les études varient de 3% à 18% environ (de trois pour cent à dix-huit pour cent) selon les méthodologies et les définitions utilisées. Toutefois, les études montrent invariablement des taux de troubles d'accoutumance beaucoup plus hauts chez les patients hospitalisés, variant entre 20% et 25% (vingt pour cent et vingt-cinq pour cent). Et parmi les patients qui vont aux hôpitaux ou aux services d'urgences avec un traumatisme, les taux varient entre 40% et 60% (quarante pour cent et soixante pour cent), ceci est constant dans beaucoup, beaucoup d'études.

De ce fait, nous devons être conscients, particulièrement quand nous traitons des patients atteints du syndrome douloureux régional complexe qui commencent avec une lésion traumatique significative, que le groupe traité par nous pourrait avoir un taux de prévalence plus haut que la population générale atteinte de troubles d'accoutumance.

Bon, même si les patients avec des troubles de dépendance peuvent être plus au risque de développer un abus ou des problèmes d'accoutumance quand les opiacés sont utilisés pour soulager la douleur, de tels problèmes ne sont pas manifestement inévitables.

C'est probable qu'il y a une gamme de risques en termes de vulnérabilité pour développer une accoutumance quand les opiacés sont utilisés dans la thérapeutique, y compris aussi bien les facteurs de l'hôte ou du patient que les facteurs de l'usage des drogues. Basés sur nos connaissances générales d'accoutumance, les individus sans histoire personnelle ou familiale de n'importe quel type de troubles de dépendance sont vraisemblablement en moins danger. Par contre, ceux qui ont une histoire familiale, mais non pas une histoire personnelle, pourraient avoir un risque légèrement augmenté, quoiqu'il n'y ait aucune étude de qualité qui démontre ça. Ces petites données que nous avons indiquent que les personnes ayant une histoire d'addiction opiacée par eux-mêmes, c'est à dire, une histoire personnelle de dépendance opiacée, sont à plus haut risque de développer des patrons de comportement d'accoutumance, en utilisant les opiacés à long terme pour soulager la douleur chronique, que les personnes qui guérissent de l'alcoolisme ou d'une autre addiction non opiacée ; ces personnes pourraient cependant avoir un risque quelque peu augmenté par rapport aux individus sans histoire d'addiction.

Bon, les modes d'emploi de la médication pourraient aussi avoir un impact sur le risque d'accoutumance quand les opiacés sont utilisés pour soulager la douleur, et certains facteurs incluent les voies d'administration, les plans d'administration et certains effets récepteurs. C'est bien compris par les toxicologistes que dans la mesure où les niveaux de drogue augmentent dans le sang/cerveau, c'est plus probable qu'elle cause un flash ou une euphorie, parfois appelé récompense qui, par répétition, pourrait déclencher une dépendance chez les individus vulnérables, pour lesquels nous attendons théoriquement que l'emploi d'opiacés par bol IV rapide pose plus de risque que l'emploi d'opiacés par voie orale.

Et nous espérons que l'emploi d'un opiacé à action lente avec un début plus lent, tel que la méthadone ou une préparation de soulagement constant, la morphine ou l'oxycodone ou le fentanyl, quand ils sont utilisés directement, pose moins de risque que les doses fréquemment répétées des opiacés à action immédiate avec un début rapide. Cependant, je pense que nous tous nous sommes conscients que les personnes qui veulent abuser des préparations de soulagement constant peuvent les frelater pour obtenir un bol à haute dose de début rapide qui peut être très satisfaisant et leur rendre potentiellement à la dépendance.

Finalement, les récepteurs opiacés mu semblent être plus impliqués dans la stimulation de la récompense psychique, le flash et l'euphorie, que les récepteurs kappa ou d'autres récepteurs opiacés. Toutefois, les agonistes analgésiques ? tels que le pentazocine et le butorphanol pourraient poser moins de risque que les récepteurs opiacés mu, mais l'emploi de ceux-ci pour la douleur est évidemment limité en raison de leur effet plafond, et parce qu'ils pourraient inverser l'analgésie mu chez les personnes qui dépendent des analgésiques opiacés mu. Les agonistes partiels mu tels que le tramadol ou buphinorphène pourraient également avoir un abus moins potentiel, bien que leur emploi comme analgésiques soit également assez limité. Le point le plus important est que certaines études indiquent que la douleur pourrait vraiment contrarier l'effet récompense des opiacés pour que le risque d'accoutumance aux opiacés administrés puisse être plus faible quand la douleur survient même sans douleur.

Bref, du point de vue clinique, il faut considérer le risque d'addiction quand les opiacés sont utilisés pour apaiser la douleur comme une interaction de la vulnérabilité de l'hôte et le mode d'emploi de la médication. Du point de vue du patient, s'il n'a pas d'histoire personnelle ni familiale, on peut être sûr que les opiacés seront effectifs et sans risque quand ils sont utilisés directement et que le risque d'accoutumance aux médications sera faible. Les patients ayant un trouble d'addition ou un risque connu de trouble d'addiction peuvent aussi se soulager avec les opiacés, mais il faut qu'ils et les médecins fassent attention à leur emploi. Il faut que l'individu fasse connaître à son médecin l'histoire de son accoutumance, qu'il prête beaucoup attention à favoriser la réhabilitation de l'addiction, qu'il prenne soin d'employer des médications seulement de manière directe, et qu'il considère surveiller dans certaines circonstances le mode d'emploi de la médication.

Du point de vue du médecin, puisque le risque d'abus et d'accoutumance ne peut jamais être 100% (cent pour cent) certain, le meilleur est d'être bien attentif de l'emploi des opiacés en les prescrivant à tous les patients. Il faut questionner nos patients en quête des histoires personnelles et familiales d'emploi problématique et nous renseigner sur leurs modes actuels d'emploi des drogues et de l'alcool. Il faut aussi encourager la réhabilitation des patients pour qu'ils soient inclus dans les programmes actifs de rétablissement et que leur rétablissement soit également soutenu. Nous devons traiter la douleur agressivement, mais quand nous faisons face à un patient pouvant être à haut risque de rechute, essayons et utilisons des formes et plans de médication opiacée donnant moins de satisfactions, quand ceux-ci connaissent leur besoin d'analgésie.

Nous devons être bien d'accord sur la structure qui pourrait souvent avoir un contrat écrit à propos de l'emploi des opiacés quand il est justifié. Nous ne devons pas seulement surveiller la douleur, mais aussi la fonction, l'humeur, le sommeil et l'aptitude du patient à se conformer à notre structure d'emploi, afin d'assurer que les opiacés sont plutôt une aide qu'une guide à la spirale de l'abus ou de la dépendance, pouvant être nocifs pour le patient. La surveillance des patients est souvent utile avec un test de teneur de drogue en urine en utilisant les soins pour l'interpréter adéquatement, une telle surveillance peut être une aide importante pour la réhabilitation et peut déceler précocement une rechute.

Enfin, la meilleure option pour les patients avec une histoire d'addiction aux opiacés, qui semblent avoir des difficultés pour contrôler l'emploi des opiacés pourrait être la participation à un programme de maintenance de la méthadone afin d'atteindre la prophylaxie des doses d'opiacés, et puis la proposition des opiacés supplémentaires ou d'un autre traitement pour contrôler la douleur, si nécessaire. En de telles circonstances, cependant, la communication étroite entre les fournisseurs des traitements de l'addiction et les fournisseurs des traitements de la douleur est en réalité critique.

Merci beaucoup.

Dr. Kirkpatrick:
Merci beaucoup, Dr Savage. C'est un exposé fantastique sur la question de l'accoutumance avec les médications. Je vous demande de rester là, s'il vous plaît, je voudrais revenir à vous plus tard, parce que c'est sûr qu'il y aura des questions pour vous. Mais, d'abord on va faire cela… Dr Brown. Je sais que vous avez traité pendant une vingtaine d'années des patients ayant des problèmes d'addiction et de douleur à la même fois, et dites-nous quel est votre avis sur le problème de l'addiction puisqu'il a des rapports avec ce sujet. Nous avons des malades en consultation externe, nous avons un contrat que vous pouvez donner au patient, nous avons des soins ambulatoires pour contrôler ces patients et nous avons alors des programmes hospitaliers. Est-ce que vous pourriez nous donner un aperçu du moment où vous avez un patient souffrant des douleurs, où est-ce qu'ils vont trouver un traitement approprié dans une situation pareille?

Dr. Martha Brown:
Je pense que c'est une question très difficile. Et je pense que pendant des années nous avons certainement eu beaucoup de conversations avec des spécialistes en traitement de la douleur et avec des toxicologistes. Je pense que le Dr Savage a fait un travail merveilleux en soulignant quelques aspects que je croie qu'il faut considérer. Ce que j'ai trouvé quelquefois est que certains patients ne se comportent pas bien en traitement ambulatoire, et qu'il y a une mauvaise communication, parfois ce n'est pas de la part du médecin, mais de la part du patient, parce qu'ils pourraient avoir cette addiction potentielle ou une maladie de dépendance aux opiacés. D'autre part, cependant, ils ont mal, ils ont vraiment mal, et comment est-ce que vous mettez tous les deux ensemble sur le même plan?

Certainement, l'une des choses que j'ai faites est de travailler en étroite collaboration avec les spécialistes en traitement de la douleur pour développer un programme. D'abord, nous pouvons le faire sur une base ambulatoire, en tenant compte de différentes méthodes que nous pouvons faire et en examinant les différents procédés qui marchent pour les opiacés, particulièrement s'ils posent des problèmes. Les contrats, l'engagement d'un contrat avec un seul médecin prescrivant une médication, vous savez. La surveillance par des tests de drogue en urine… Je crois que toutes ces choses marchent ensemble et seulement en dernier ressort, alors nous mettons parfois quelqu'un dans un service hospitalier pour trouver quel plan choisir.

Cliquez ici pour les références du Dr Brown



Dr. Kirkpatrick:
Merci beaucoup, Dr Brown. Dr Wilson, j'ai su que vous avez aussi travaillez sur cela pendant une vingtaine d'année et j'ai su que vous avez un programme ambulatoire très remarquable à l'Hôpital général à Tampa. Est-ce que vous avez quelque chose à ajouter, c'est-à-dire, puisque vous vous êtes concentré sur la douleur, mais vous êtes sensible aux problèmes de la dépendance, et comment est-ce que vous traitez ça dans un établissement hospitalier?

Dr. Wilson:
Bon, j'ai beaucoup de chance d'avoir une équipe merveilleuse qui m'aide beaucoup. J'ai des infirmiers très bons à suivre les médications. En réalité, le rapport avec les pharmaciens et les membres de la famille doit être un effort conjoint. Et nous remarquons que les tests de teneur de drogue en urine, les contrats et la surveillance étroite, surtout la surveillance étroite, sont vraiment, vraiment inappréciables. Alors, je pense que, c'est idem à ce qu'ils ont dit, tous les deux, mais j'ai une question pour le Dr Savage et le Dr Brown.

Nous connaissons que la rotation des opiacés aide aux problèmes de la tolérance, mais est-ce qu'il y a des données montrant que la rotation des opiacés agit positivement, minimise les problèmes de l'addiction chez ceux qui sont à haut risque?

Dr. Kirkpatrick:
Dr. Savage?

Dr. Savage: Nous n'avons aucune donnée concernant les opiacés ou la rotation des opiacés pour éviter la dépendance. Je pense que la sélection des opiacés pourrait faire la différence. Comme j'ai indiqué auparavant, théoriquement, on a lieu de croire qu'un début lent, des niveaux de sang plus constamment stables, a en réalité moins de chance de stimuler cette récompense, ce flash et cette euphorie, et ça peut provoquer ou conduire à une rechute chez un patient en récupération. J'avais un patient qui m'a dit une fois qu'utiliser l'une de ses médications à action immédiate, ses opiacés, c'était pour lui comme danser avec une amie vieille. J'ai pensé que c'était une récupération certaine, mais il ne voulait pas prendre ces opiacés à action immédiate parce que c'était seulement comme danser avec une amie vieille, et j'ai compris vraiment cette caractérisation.

Certainement, comme vous savez, la méthadone est utilisée pour le traitement de l'addition aux opiacés, et je n'ai pas trouvé des études la comparant avec la morphine de début lent ou, je veux dire, la morphine de soulagement constant ou l'oxycodone de soulagement constant, en termes de risques, mais elle ne peut pas être adultérée de la même façon. C'est facile pour les patients s'ils font une bévue et veulent mâcher un comprimé de la formule de soulagement constant et se droguer, de même que pour la méthadone, il n'y a pas beaucoup à faire pour augmenter la rapidité du début. Alors, ce sont mes réflexions.

Dr. Kirkpatrick:
Dr Savage. Puisque vous avez développé le sujet de " danser avec une amie...

Dr. Savage:
Ouais!

Dr. Kirkpatrick:
...Laissez-moi continuer, seulement pour m'assurer que je vous ai compris. Suggérez-vous que vous ne puissiez absolument pas avoir un patient sous un traitement avec des opiacés à action immédiate pour la douleur chronique?

Dr. Savage:
Pas du tout, pas du tout!

Dr. Kirkpatrick:
D'accord. Alors, certains patients préfèrent ce contrôle exquis, cela explique pourquoi ils peuvent se heurter à ça quand ils ont une exacerbation.

Dr. Savage:
Oui, c'est ça! Merci beaucoup, merci beaucoup de signaler ça. Je ne veux pas dire qu'une personne au risque d'avoir un trouble ou une histoire d'addiction ne peut pas utiliser des opiacés à action immédiate quand ils sont nécessaires pour la douleur chronique. Je pense que la décision doit être individuelle et qu'il faut leurs expliquer quels sont les effets des opiacés. Pour certains patients, c'est très clair : ils ne soulagent que la douleur et ils ne se rendent pas compte des effets psychiques de ça. Et d'autres n'ont pas besoin d'horloge pour leurs médications. Ils ont mal et ont besoin d'une médication avec des opiacés à action immédiate quand ils font une activité qu'ils considèrent pénible due à une douleur significative. C'est ainsi qu'il y a beaucoup de variables qui doivent être soupesées. Je pense à la prise de décision.

Dr. Kirkpatrick:
D'accord. Je voudrais revenir à un autre sujet que vous avez effleuré ; bien sûr, vous pouvez l'effleurer dans une présentation courte, mais je crois qu'il vaut mieux y revenir, et que c'est tout à fait ce concept de la pseudo-addiction. En d'autres mots, sous-prescrire des opiacés à quelqu'un qui a mal. Comme vous savez, l'un des vos collègues, Dr Portenoy, a fait quelques études dans les patients mal médicamentés, dans deux groupes de patients : les patients atteints de cancer et les patients atteints de VIH. Et je crois que dans la population atteinte de cancer, même aujourd'hui, les données indiquent en moyenne que 50% (cinquante pour cent) d'entre eux ne sont pas peut-être adéquatement médicamentés avec des opiacés. Dans la population atteinte de VIH, c'est 85% (quatre-vingt pour cent) environ. Et ce qu'ils ont trouvé, ce qu'ils ont rapporté c'est que la pseudo-addiction met plutôt en branle des comportements qui déclenchent ou produisent une vraie toxicomanie. Et les exemples utilisés se trouvent dans la population féminine, dans laquelle certaines femmes atteintes de VIH, n'ayant pas été adéquatement médicamentées, échangeraient sexe contre drogues, bien entendu c'est un problème de santé grave. Alors, je crois que notre auditoire voudrait savoir qu'en pensez-vous, et je vais demander au Dr Brown de faire aussi des commentaires sur cela. La pseudo-addiction… un peu plus sur cela, s'il vous plaît.

Dr. Savage:
D'accord. Je crois que la pseudo-addiction se présente, je pense que la meilleure manière de traiter ça est de faire une évaluation minutieuse pour essayer et résoudre le meilleur possible une douleur mal traitée ou un abus ou une dépendance potentiels à la médication. Si nous considérons une douleur mal traitée l'une des causes possibles, l'essai d'un traitement soigneusement structuré, efficace, et agressif contre la douleur est approprié avec une surveillance attentive pour le rendre sûr dans le cas où il y aurait un problème d'abus ou de dépendance mettant le patient en danger. Alors, si nous administrons des doses des médications dont le patient dit qu'elles soulagent sa douleur et observons ce qui se passe avec leur fonction, sa capacité de travailler ou de faire des activités de la vie courante, ce qui se passe avec ses rapports, avec son humeur, avec son sommeil, si tout ça s'améliore, et il rapporte que sa douleur s'est amélioré, nous avons donc traité une pseudo-addiction dans la plupart de circonstances.

L'un de mes collègues a évoqué… ou a remarqué que dans certains cas quand nous… si quelqu'un a une vraie accoutumance et nous le procurons ou le prescrivons des opiacés à plus hautes doses, nous pourrions bloquer en réalité son besoin et bloquer son trouble d'addiction, tel est le cas du traitement de maintenance par méthadone, et par conséquent, lui faciliter la rentrée dans un meilleur niveau de fonction, la normalisation de sa vie et l'amélioration de sa qualité de vie. Du point de vue clinique, ça c'est vraiment un point discutable. Nous avons procuré une médication qui a traité un trouble sous-jacent, soit une douleur soit un besoin d'opiacés, nous l'avons procuré une sécurité, et lui facilité la rentrée dans une qualité de vie plus grande. Ça c'est notre but comme cliniciens. Du point de vue légal, bien entendu, il faut que nous ayons un permis pour traiter les addictions opiacées par des opiacés.

Dr. Kirkpatrick:
Dr Brown, voudriez-vous ajouter quelque chose à cette question de la pseudo-addiction?

Dr. Brown:
Je suis absolument d'accord avec les commentaires du Dr Savage. Je pense que c'est une question très difficile, particulièrement les opiacés à des niveaux plus faibles, quand vous avez un patient qui a ce besoin et une douleur, et vous ne voulez pas qu'il ait mal. Par conséquent, il faut le traiter adéquatement et voir ce qui se passe ayant pris une bonne histoire, et analysé son histoire familiale, et il y a aussi la question de la perte de contrôle, parce que si personne n'en a, c'est l'un des symptômes principaux de l'addiction, ça c'est sur le plan d'une perte de contrôle, de telle sorte que s'il maintient et suit ce que vous avez prescrit, vous risquez moins de vous attirer des ennuis.

Dr. Kirkpatrick:
Dr. Savage?

Dr. Savage:
Oui!

Dr. Kirkpatrick:
Je voudrais que vous restiez là. Nous allons avoir l'occasion de parler plus tard, si vous avez quelque message spécial à nous donner.

Dr. Savage:
D'accord.

Dr. Kirkpatrick:
Merci beaucoup.

EMPLOI DES OPIACÉS (NARCOTIQUES) CHEZ LES ENFANTS


Dr. Kirkpatrick:
Nous allons nous tourner vers notre sujet final, un sujet très important, il s'agit de l'emploi des opiacés chez les enfants.

Bon, pour cela, nous avons vraiment… nous avons fait vraiment venir des gens formidables, très formidables, ici. Nous avons le Dr Alyssa Lebel de l'École de Médecine d'Harvard. Le détail qui la fait unique est qu'elle a collaboré avec quelques-uns d'entre ces gens formidables qui sont spécialistes en traitement de la douleur. Par exemple, elle a travaillé avec le Dr Schwartzman pendant un certain temps et ils ont fait un essai remarquable sur la répartition des modes de la DSR. En ce moment, elle travaille avec un autre savant exceptionnel dans le domaine de la douleur, particulièrement chez les enfants, le Dr Charles Berde. Elle fait quelques recherches très importantes sur la DSR chez les enfants. Le Dr Lebel est principalement un neurologiste, mais elle est dans le Département d'anesthésie dû à sa compétence extraordinaire y compris la pharmacologie et ainsi de suite dans le domaine du Traitement de la douleur. Hein, Dr LeBel?

Dr. Alyssa LeBel:
Allô

Dr. Kirkpatrick:
Allô! Partagez un peu de votre vaste expérience avec nous, je sais qu'elle est très vaste, partagez votre expérience avec nous sur la question de l'emploi des opiacés chez les enfants qui souffrent une douleur chronique, s'il vous plaît.

Dr. LeBel:
Merci beaucoup de cette aimable présentation, et je voudrais remercier tous nos collègues et l'équipe qui a organisé cette conférence pour ces excellentes présentations. Beaucoup de ces sujets sont, évidemment, applicables à la version pédiatrique, mais je voudrais parler de la douleur pédiatrique en ce qui concerne les aspects spéciaux qui sont présents dans ce groupe.

Pour commencer, je voudrais montrer une photo de l'une de nos patients qui, quoique la photo ne le montre pas bien, avait ses membres inférieurs compromis à sa première présentation, et bien sûr le membre affecté dans cette photo en ce moment est au côté droit.

Puisque nous avons discuté autant de questions jusqu'à maintenant, allons brièvement examiner la définition de SDRC encore une fois. Le SDRC ou syndrome douloureux régional complexe est défini par des phénomènes cliniques. La pathophysiologie spécifique de ce trouble reste encore à élucider, mais la Neuro Science est très prometteuse. De multiples mécanismes et niveaux de transmission de la douleur, ainsi que des systèmes de modulation de la douleur, étant probablement impliqués, vont recevoir nombreuses stratégies de traitement de notre arsenal.

Les caractéristiques cliniques, associées au SDRC, sont brièvement les suivantes: douleur neuropathologique, régulation anormale du flux sanguin, œdème, changements trophiques de la peau et appendisses, ainsi que troubles des mouvements actifs et passifs qui ont été très bien décrits par le Dr Schwartzman.

Dans la population pédiatrique, il y a aussi des caractéristiques épidémiologiques spécifiques. L'épidémiologie du SDRC, aussi bien que d'autres syndromes de douleur chronique chez les enfants, n'est pas encore malheureusement bien documentée. Je vais attirer votre attention sur un exposé du Dr Robert Wilder, de la Clinique Mayo, qui a rapporté plus de 395 cas dans la littérature à partir de 1996:

Dans l'Hôpital pédiatrique à Boston, nous recevons près de deux malades âgés de moins de 18 ans par semaine, et généralement le traitement conventionnel de ces patients échoue. Dans cette présentation pédiatrique, la caractéristique distinctive est d'abord qu'elle est très rare avant l'âge de 6 ans. L'âge de présentation le plus fréquent est de 10 à 12 ans, et elle poursuit jusqu'à la fin de la puberté.

Dans la population pédiatrique par opposition aux adultes, les membres inférieurs sont plus souvent affectés que les membres supérieurs. En réalité, dans notre collection de données, ici dans cette institution, nous avons trouvé un rapport de 6 à 8 sur 1 de membres inférieurs compromis par rapport aux membres supérieurs. Les filles sont affectées 6 fois plus souvent que les garçons. Les signes et les symptômes se répandent souvent d'un membre à un autre, et dans la population pédiatrique, ces atteintes associées à d'autres changements physiologiques dans les caractéristiques cliniques qui définissent l'entité, sont souvent récurrentes. Dans chaque accès après le premier, la présentation est d'habitude beaucoup moins sévère, plus brève et rapidement traitée par nos stratégies de traitement actuelles.

La résolution dans la population pédiatrique est beaucoup plus rapide et solide avec la thérapie physique, l'intervention de la médecine comportementale, le traitement de la médecine cognitive et comportementale, et parfois l'addition d'un stimulateur nerveux transcutané. Et dans cette population, le pronostic est beaucoup plus favorable malgré la durée des signes et symptômes. Donc, bien que le patient pédiatrique puisse présenter ce diagnostic pendant une période plus longue, la durée de son trouble est souvent moins longue que chez l'adulte. Il a une maladie moins sévère qui est traitée plus facilement.

Bon, revenons aux opiacés. Nous utilisons facilement les opiacés dans la population pédiatrique, notamment pour la douleur somatique et du cancer, et nous devons individualiser, de même que dans la population adulte, leur emploi pour les problèmes de douleurs non malignes. Comme le Dr Kiefer a dit, vous savez que les données des recherches sont très limitées pour l'emploi des opiacés contre la douleur non maligne en général, et c'est spécialement certain pour la population pédiatrique. Nous avons pas mal d'anecdotes et beaucoup d'expérience avec l'administration des opiacés par voie épidurale. Quelques emplois efficaces d'opiacés, quelques exemples chez les patients avec SDRC incluent: Lorsque nous utilisons nos doses opiacées en même temps qu'une thérapie physique, sachant que la thérapie physique est encore l'étalon or du traitement chez ces patients, et lorsque nous utilisons des traitements courts d'opiacés remboursés suivi d'une diminution progressive quand il y a une atteinte sévère dans cette population pédiatrique.

Le rôle des opiacés dans le SDRC est quelque peu restreint et dans la population pédiatrique, spécialement là où une approche détaillée est nécessaire et les indications pour la famille ainsi que pour le patient sont prises, nous avons besoin d'utiliser des opiacés dans une approche multidisciplinaire pour traiter la douleur.

Sur le plan de la pharmacologie des opiacés, leur pharmacologie est très similaire à celle des adultes, de même que les effets secondaires sont décrits par le Dr Kiefer. Et la pharmacologie est similaire pour les patients pédiatriques qui sont des nouveau-nés à terme âgés de 3 à 6 mois environ. Alors, notre seul souci dans l'ajustement de la pharmacologie des opiacés est concerné aux prématurés dans leur première année de vie et dans leurs premiers 28 jours.

Je voudrais dire maintenant que le traitement opiacé n'est pas la thérapie principale pour la douleur neuropathologique chronique chez les enfants. Le Dr Kiefer et le Dr Kirkpatrick ont bien souligné que les antagonistes du récepteur de NMDA sont devenus un champ de recherche très important et un essai clinique accru. Dans la population pédiatrique, nous utilisons également ces thérapies non opiacées, comprenant les bloquants à chaîne ionique ; un autre champ de recherche très important est les bloquants à chaîne sodique, tels que les agents anti-épileptiforme Trileptal et Neurontin ; et les agents à chaîne calcique du type N, lesquels incluent aussi Neurontin, ainsi que les bloquants du récepteur de NMDA qui sont principalement les antagonistes du glutamate, tels que la kétamine et le dextrométhorphane.

Il y a un certain travail qui aborde les agonistes spécifiques du récepteur opiacé, mais c'est encore très tôt. En examinant ces récepteurs… tel que le Dr Savage a fait, elle a présenté les récepteurs en termes des agents récepteurs kappa par opposition aux agents récepteurs mu. La clonidine, un adjuvant adrénergique a-2 pour le traitement de la douleur, est souvent utilisée en combinaison avec nos opiacés soit par voie épidurale soit par voie orale, elle nous permet d'utiliser beaucoup moins d'opiacés avec moins d'effets secondaires. Et les antagonistes médiateurs de l'inflammation, ce truc qui s'oppose aux cytokines, tels que le facteur alpha de nécrose anti-tumorale, lequel est utilisé pour traiter les conditions inflammatoires chez les adultes, pourraient être considérés une grande promesse pour l'inflammation neurogène du SDRC.

J'ai voulu mentionner ensuite une recherche qui a été d'abord réalisée par le Dr Berde et après par le Dr Wilder, et encore une fois en 1992, concernant l'infusion épidurale des opiacés et l'anesthésie locale. Et cette étude particulière dont je voudrais parler, qui a eu lieu en 1992, a examiné les infusions combinées, par voie épidurale lombaire, parce que rappelez-vous que notre population a des cathéters logés surtout dans les membres inférieurs ou dans le sympathique paravertébral, dans un groupe de patients qui avait une douleur persistante malgré une thérapie physique ambulatoire considérable et une thérapie cognitive et comportementale. Et un sous-groupe pendant cette étude a présenté un phénomène très intéressant qui montre quelque peu un substrat neural unique chez les patients pédiatriques par opposition aux adultes, au moins quand il a été rapporté. Mais il y a eu un changement marqué à droite dans les courbes de réponse aux doses de l'anesthésie locale épidurale et rachidienne. Il y a eu des patients qui ont eu besoin d'un anesthésique local à très hautes doses jusqu'à atteindre un certain soulagement de la douleur ou un niveau où l'on pourrait attendre un block spinal complet, mais ils ont atteint à peine un petit peu de soulagement de la douleur. Et ça c'est une observation très intéressante et quelque chose que nous avons continué à explorer chez les patients pédiatriques.

Un sous-groupe a rapporté une douleur malgré le block sensoriel, moteur et sympathique atteint, encourageant nos collègues à indiquer un diagnostic supratentoriel, lequel pourrait être en partie vrai, mais la douleur est un système très réparti, et il y a des aspects supratentoriels de la douleur qui créent une vraie perception de la douleur, et certainement les études de MRI fonctionnel l'ont fait connaître récemment. Alors, les blocks sympathiques en général, contrairement à ce que la littérature dit pour les adultes, semblent apporter moins de bénéfices pour le SDRC pédiatrique à cause en partie de quelques-uns de ces phénomènes, mais il y a un sous-groupe de patients, étant encore sous ce régime de traitement, qui profitent de l'analgésie spinale plutôt comme un tremplin pour augmenter leur participation à la rééducation fonctionnelle, la thérapie physique et les thérapies cognitives et comportementales.

Le traitement de rééducation continue à être la pierre angulaire de la thérapie, et je pense que c'est le cas aussi pour les adultes. Il y a une étude de l'Hôpital pédiatrique, publié dans Journal of Pediatrics en 1992, qui a examiné l'emploi du traitement de rééducation dans cette population. La thérapie physique, 1 contre 3 fois par semaine, avec la thérapie cognitive comportementale, 1 fois par semaine pendant 6 semaines, a été proposée. Et voici la comparaison. Vingt-huit patients ont achevé le protocole, et les mesures qui ont été examinées pour évaluer l'efficacité ont été les suivantes: l'indice de douleur, la démarche, la montée des escaliers, les tests psychologiques, les examens autonomes régionaux et systémiques, et les tests de la quantité sensorielle examinant la fonction des petites fibres.

Dans les résultats de tous les deux groupes, la thérapie physique une fois par semaine aussi bien que la thérapie physique trois fois par semaine ont montré une amélioration supérieure à 50% dans les indices analogues de douleur. Il y a eu une amélioration de la démarche et de la montée des escaliers, et la plupart de patients ont quitté leurs appareils d'assistance pendant 6 semaines, étant une réponse excellente à la thérapie de rééducation.

Cependant, dans la population pédiatrique, nous maintenons encore le dogme que les objectifs principaux du traitement sont d'éviter l'atrophie et de restaurer la fonction ; que les patients doivent embrasser nécessairement le traitement de rééducation fonctionnelle avant tout, et que les interventions analgésiques, les injections épidurales des médications, encore moins utilisées dans notre population, et les blocks nerveux, ne sont en réalité que des adjuvants permettant au patient d'éprouver activement un programme de rééducation fonctionnelle avec la meilleure aptitude qu'il peut avoir.

Et de cette façon, en tenant cette discussion quand nous retrouvons nos patients en clinique, généralement nous nous asseyons et donnons notre avis à la famille, et nous essayons de leur expliquer que la douleur neuropathologique n'est pas une douleur protectrice, mais une douleur qui parfois ne signifie pas qu'ils doivent arrêter leur activité fonctionnelle. Ainsi, nous renseignons nos patients et leurs parents sur la douleur neuropathologique, en disant que la douleur ordinaire c'est celle que vous sentez quand les nerfs normaux envoient des messages depuis les tissus corporels gonflés ou compromis, et que la douleur neuropathologique est causée en réalité par des messages anormaux envoyés par le nerf, même après la guérison des tissus.

Nous expliquons les problèmes de l'élasticité du système nerveux. Nous validons la douleur des patients comme véritable, mais l'information récemment reçue sur le centre le plus rostral, le cortex, est fausse ; les personnes avec une douleur neuropathologique ne sont pas folles, mais la thérapie cognitive et comportementale fait partie de la rééducation fonctionnelle, et ce traitement de la douleur neuropathologique exige un travail avec la douleur et une re-programmation des nerfs pour qu'ils envoient les messages d'une manière adéquate.

Parfois, c'est un message très difficile à comprendre, mais nous soulignons toujours, concernant la population pédiatrique, que le pronostic pour le syndrome douloureux régional chronique chez les enfants est généralement bon. Et la seule chose que nous espérons est que ce traitement opiacé, quand il est adéquatement utilisé dans la population, est un bref adjuvant, de même que d'autres thérapies adjuvantes pour la plupart des enfants atteints par ce syndrome névralgique. Merci.

Cliquer ici pour les références du Dr Lebel



Dr. Kirkpatrick:
Merci beaucoup, Dr Lebel. Je crois que ce que vous avez fait en réalité est de nous aider à placer tout le problème de la douleur chronique dans une perspective beaucoup, beaucoup plus large, en examinant les multiples modalités de traitement pour ces patients.

Nous avons beaucoup de chance d'avoir avec nous aujourd'hui depuis un endroit lointain, à l'Université John Hopkins, le Dr Sabine Kost-Byerly. Le Dr Kost-Byerly a probablement été l'une des meilleurs en enfants atteints par les syndromes de douleur chronique, particulièrement les patients avec dystrophie sympathique réflexe. Et je lui ai demandé de se joindre à nous aujourd'hui parce que, je crois que nous voulons en réalité nous assurer que nous allons explorer toutes les options de traitement possibles, et que nous allons examiner dans quelle partie les opiacés s'intègrent-ils… au grand tableau. Et je pense que si nous pouvons comprendre les enfants, lesquels sont le défi le plus grand, avec tous les problèmes qu'ils ont du point de vue émotionnel et ainsi de suite, je crois que les adultes, c'est du gâteau, n'est-ce pas. Dr Kost-Byerly?

Dr. Kost-Byerly:
Oui ! D'abord, je voudrais vous remercier de cette occasion merveilleuse de participer à ce symposium. Je pense que c'est un nouvel outil passionnant et je crois que c'est quelque chose qui doit être encore plus explorée dans l'avenir.

J'ai écouté attentivement la présentation du Dr Lebel et je suis fort d'accord avec elle. Je pense que les patients que j'ai vus à Boston sont similaires à ceux que nous avons vus ici. C'est un Centre médical des soins tertiaires, c'est-à-dire que la plupart des patients que je verrais en clinique ou pour une thérapie à l'hôpital sont plutôt complexes et dont leur thérapie peut avoir échoué dans d'autres endroits.

Nous utilisons une approche multidisciplinaire dans le traitement de la DSR. Les outils principaux sont, comme le Dr Lebel l'a bien dit, la thérapie physique et l'intervention comportementale, et elles conduisent à une amélioration dans la plupart des patients. Nous utilisons les opiacés comme adjuvants de la thérapie, non pas cependant dans la première intervention pharmacologique, mais généralement dans la troisième, la quatrième ou la cinquième.

Je trouve qu'il y a essentiellement trois formes de traitement opiacé. Probablement, la forme la plus fréquemment et irrégulièrement utilisée consiste à faciliter la thérapie physique ou à traiter les augmentations aiguës de la douleur à cause d'autres activités de la journée. Nous utilisons, chez certains patients, les opiacés à action lente la nuit s'ils rapportent qu'ils ne peuvent pas dormir à cause de la douleur. Ce n'est pas un somnifère, mais c'est une légère stimulation du sommeil ou une légère… ils se réveillent en pleine nuit à cause de la douleur, et nous essayons alors de les traiter avec un opiacé à action lente pour voir si ceci peut l'améliorer.

Finalement, il y a un traitement vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ça c'est en réalité dans un tout petit sous-groupe de patients. Dans cette population, le but est d'augmenter l'activité fonctionnelle et la qualité de la vie. Pour un enfant cela signifie généralement qu'il pourra retourner à l'école, participer aux activités avec ses pairs, ceci doit être le but. Lorsque les opiacés sont utilisés vingt-quatre heures sur vingt-quatre, le traitement doit être donc réévalué régulièrement, tous les quelques mois, pour contrôler la véritable nécessité et les effets. Comme je vous ai déjà dit, ça c'est dans un petit sous-groupe.

Pour mes patients hospitalisés, ce n'est pas rare, parce que beaucoup d'entre eux ont une douleur sévère, hésitent à participer aux programmes de thérapie physique. Alors, ce n'est pas rare que nous utilisions une infusion péridurale, telle qu'un cathéter épidural lombaire avec anesthésie locale et opiacée, et essayions d'apaiser quelques craintes de ce patient pour qu'il participe à la thérapie physique plus facilement et soit un peu plus disposé à faire ça.

Il y a un détail qui n'a pas été mentionné par les orateurs qui m'ont précédé, mais je crois que c'est important pour la population pédiatrique. J'hésite un peu à proposer la thérapie opiacée à long terme chez les jeunes adolescents, non pas nécessairement de peur d'une tolérance ou une dépendance, lesquelles sont bien rares dans cette population, mais des effets à long terme des opiacés sur un organisme en développement. La thérapie opiacée, comme le Dr Kiefer a dit depuis l'Allemagne, peut causer des effets endocriniens anormaux et peut entraîner un hypogonadisme, ainsi que la réduction des niveaux de testostérone et d'œstrogène. En réalité, nous ne connaissons pas encore qu'est-ce que ça signifie pour un adolescent, un enfant allant vers la puberté. Alors, il y a aussi le risque d'ostéoporose ou de changements d'humeur ou combien ça peut influer sur le système immunologique… En réalité, il y a encore beaucoup de questions, alors je pense que j'hésiterais à proposer une thérapie opiacée à long terme à un patient adolescent.

Voilà ce que je devais ajouter à ce sujet.

Dr. Kirkpatrick:
Merci beaucoup, Dr Kost-Byerly. Je sais qu'il n'a rien d'autre à faire qu'essayer de naviguer à travers ça, à travers toutes les modalités de traitement qui sont disponibles, spécialement pour les enfants. Maintenant, je voudrais demander au Dr Lebel de rester là, s'il vous plaît… Dr Lebel, pourriez-vous rester là, s'il vous plaît?

Dr. LeBel:
Oui!

Dr. Kirkpatrick:
Parce que je vais revenir à vous dans quelques seconds.



MESSAGES SPÉCIAUX

Maintenant, je voudrais aller droit au but et essayer de faire ensemble, commencer à faire ensemble, à élaborer ce qui s'appelle les " Messages spéciaux"

Et ce que je veux faire, je suppose, tout d'abord, est d'approfondir ce sujet. Alors, j'ai pris quelques notes au cours des présentations et voilà ce que j'en ai sorti, et ensuite je vais inviter chacun de nos orateurs à dire quelque chose de plus.

D'abord, la thérapie opiacée doit être envisagée pour soulager n'importe qui d'une douleur de modérée à sévère. Il n'y aucune évidence démontrant qu'une certaine caractéristique chez un patient donné est un indicatif de résistance totale aux effets analgésiques des opiacés. Mais, dans tous les cas le médecin doit évaluer soigneusement les facteurs qui influenceraient la thérapie opiacée plutôt rapidement que lentement, après avoir essayé d'autres modalités de traitement. Nous avons écouté les beaux exposés du Dr Lebel et du Dr Kost-Byerly à propos de ça, comment elles ont essayé de naviguer pour placer, mettre en position les opiacés dans un contexte clinique approprié.

Point numéro 2 (deux). La thérapie opiacée n'est pas facile, et vos avez dit (Dr Kirkpatrick parlant avec le Dr Marsha Brown) que ce n'est pas facile, c'est très difficile. Qu'est-ce qu'il faut en réalité ? Il faut commencer avec une évaluation exhaustive du patient, laquelle doit comprendre un examen du problème de l'addition potentielle, du comportement aberrant et ainsi de suite. Il faut une certaine connaissance sur les effets indésirables des opiacés, et nous devons connaître la médecine de l'addiction, ça c'est important. Nous devons avoir certaines habilités, certaine expérience afin de chercher la méthode la plus efficace pour ces patients.

On a mentionné la documentation, l'importance de la documentation… Le Dr Savage l'a mentionnée ; Dr Brown, vous avez mentionné ça comme quelque chose d'important, très important… les contrats avec les patients.

La communication, très importante. La communication avec le patient, la communication avec le médecin de soins primaires. En tant que spécialistes en douleur, nous dépendons d'eux pour soigner ces patients. Nous devons prendre leurs préférences en considération, leurs ressources, et ainsi comment est-ce que nous allons faire ça ? Nous devons les instruire… ça c'est notre tâche. Nous devons le faire. Et bien sûr, le patient ne peut pas prendre une bonne décision s'il n'est pas bien informé sur quelques problèmes potentiels dont nous avons déjà parlé… Comme le Dr Kost-Byerly a bien signalé, et qu'est-ce qu'il y a à propos des effets à long terme sur l'axe pituitaire chez les enfants ? Alors, toutes ces choses sont importantes.

Un troisième point qui, je crois, doit être indiqué ici, c'est que, quoiqu'il n'y ait personne qui est résistant à la thérapie chronique par opiacés, la thérapie opiacée peut dévoiler les problèmes. Nous avons parlé en détails sur ces choses : effets secondaires intolérables, effets secondaires sans traitement, accoutumance. Nous avons discuté l'importance d'être conscient du problème, le problème potentiel de la pseudo-addiction.

Et nous avons aussi dit que tous les opiacés ne sont pas la même chose : en réalité, la méthadone est bien différente des autres opiacés ; le fentanyl transdermique : il y a certains patients pour lesquels cette drogue a été une aubaine avec patchs de 400 mcg qu'il faut changer tous les deux à trois jours, quand il faut leur rendre fonctionnels. Alors, ils n'ont pas de correspondance et ça c'est une chose, bien sûr, sur laquelle le Dr Kiefer nous a bien attiré l'attention.

Le Dr Savage à Dartmouth a signalé les bénéfices potentiels des opiacés à action lente et le fait d'avoir un début lent et moins de risque de flash, cette danse avec la médecine, et bien sûr c'est un peu plus facile de se conformer à cette situation. Mais je crois qu'on a pu remarquer que ça c'est très important, il n'y a presque pas d'absolus ; chaque patient est un individu. Un opiacé à action immédiate sur une base chronique pour une douleur chronique serait peut-être plus approprié chez certains patients.

Bon, je sais en réalité ce que l'auditoire veut nous écouter dire aujourd'hui, en réalité je crois ça, si j'étais assis là, voilà ce que je voudrais savoir : Comment utiliser ces opiacés, particulièrement les opiacés à action lente ? Alors, je vais souligner très rapidement ici ce que je pense… à quoi est-ce qu'une carte routière pourrait ressembler, et je vous invite tous à faire des commentaires sur cela.

Je vous suggérerais peut-être de commencer une thérapie par opiacé à action lente à laquelle vous pourriez augmenter sa dose jusqu'à éprouver un soulagement adéquat de la douleur ou des effets secondaires difficiles à traiter. Je vous suggérerais d'augmenter la dose de 25% à 100% tous les deux à quatre jours. Il n'y a aucune dose maximale ! Il n'y a aucune dose maximale pour ces médications. Je crois que ça c'est un concept très important. Vous augmentez la dose jusqu'à ce que vous soyez limité par la toxicité ou par l'un des ces autres problèmes relatifs à la médecine d'addiction limitant votre prescription.

Maintenant, je voudrais que nos orateurs donnent leurs Messages spéciaux et je voudrais que ce soit le Dr Kiefer qui commence. Est-ce que vous êtes encore avez nous, en Allemagne?

Dr. Kiefer:
Oui. Je suis encore avec vous.

Dr. Kirkpatrick:
Alors, dites-moi quel message pensez- vous doit être donné dans cette conférence.

Dr. Kiefer:
D'accord. Nous pensons que le message doit être que personne ne doit refuser les opiacés si le patient a besoin d'un traitement opiacé. Cependant, nous voudrions insister sur l'importance capitale de montrer que le traitement opiacé pour un patient individuel aboutit à un bénéfice net, cela signifie une amélioration significative de la douleur pour le patient. Je voudrais aussi préciser que ni le médecin ni le patient doivent craindre les effets secondaires. Nous pourrions signaler que la thérapie opiacée doit être suivie de très près et le médecin doit surveiller ces effets secondaires et les traiter suffisamment, précocement et avant tout.

Et notre dernière observation est que toutes les parties impliquées doivent être poussées à travailler dans l'apport d'évidences suffisantes pour effectuer des études scientifiques qui finalement vont fournir quelque évidence de haute qualité au traitement par opiacés de la douleur neuropathologique et spécifiquement du SDRC. Merci beaucoup.

Dr. Kirkpatrick:
Merci beaucoup, Dr Kiefer. Dr Butler?

Dr. Butler:
Oui.

Dr. Kirkpatrick:
Soyez bienvenu encore une fois!

Dr. Butler:
Merci beaucoup.

Dr. Kirkpatrick:
Êtes-vous sorti à naviguer pendant que nous parlions ou avez-vous écouté notre discussion?

Dr. Butler:
Oh, non, non ! J'ai écouté la discussion, très intéressante.

Dr. Kirkpatrick:
D'accord, très bien! Bon, écoutez, donnez-nous votre avis, donnez-nous votre message, s'il vous plaît.

Dr. Butler:
Bon, je pense que si nous réfléchissons à l'emploi des opiaces pour le syndrome douloureux complexe, il faut penser à deux usages. Le premier, c'est un usage aigu pour faciliter la thérapie, et ça c'est probablement le meilleur usage. Le deuxième, c'est un usage chronique à long terme quand les thérapies n'ont pas été très utiles. Je suis un peu plus conservateur que vous quant à l'emploi des opiacés. À mon avis, vos Messages spéciaux ressemblent à ceux de la douleur chez les patients atteints de cancer, et mon expérience pendant ce temps est que nous avons toujours reçu des patients sous un traitement par opiacés à haute dose avec des problèmes, et nous avons dû nous en occuper. Et beaucoup d'entre eux en désintoxication étaient significativement mieux que ceux qui étaient sous des opiacés à haute dose, alors vous devez faire attention à la manière d'utiliser les opiacés à haute dose.

Une autre idée est que si vous allez vous embarquer dans les opiacés, spécialement les opiacés à haute dose pour un traitement à long terme, vous devrez alors épouser ce patient parce qu'aucun autre praticien ne va s'en occuper. Et alors, vous ne devez pas penser seulement à ce qui va se passer la semaine prochaine ou le mois prochain, mais pendant les cinq ans qui suivent. Donc, vous devez avoir un plan aussi bien à court terme qu'à long terme. Mais, c'est une conférence extraordinaire, et j'ai pris pas mal d'informations très bonnes des présentations et merci beaucoup pour m'avoir convoqué.

Dr. Kirkpatrick:
Dr Butler, merci beaucoup de nous avoir permis de perturber vos vacances. Pendant que vous étiez en train de parler, quelques-uns de vos commentaires ont très fortement retenti parmi les membres de notre panel dans la salle, alors je vais leur demander de réfléchir un petit peu sur… notamment sur le mariage avec les patients. Ils ont fait un léger signe de tête affirmatif ici. Dr Brown, quel est votre message?

Dr. Brown:
Bon, je pense que j'en ai plusieurs. L'un est évident, la communication. Je pense que nous devons enregistrer une bonne histoire et examiner une addiction potentielle, parce que quelques-uns de nos patients vont très bien sous des opiacés à haute dose et ils n'ont pas cette addiction potentielle. L'autre concerne ceux que vous épouserez vraiment et qui augmenteront leur dose et finalement, quelques-uns d'entre eux mouront malheureusement à cause de ça, donc il faut toujours, de nouveau, évaluer les problèmes, c'est mon avis en ce qui concerne l'accoutumance. C'est vraiment… Je conseille tous mes patients qui sont en train de se rétablir, en cas de douleur chronique, de me laisser parler avec leur médecin traitant pour nous communiquer et de lui expliquer ce qui se passe et d'envisager tout ensemble un plan, parce que nous ne voudrions pas qu'ils aient mal.

Dr. Kirkpatrick:
Attendez un second, Dr Wilson. Je vais revenir au Dr Savage pour donner suite à ce sujet, et après je vais revenir à vous pour vous poser une ou deux questions. Dr Savage?

Dr. Savage:
Oui.

Dr. Kirkpatrick:
Vous avez écouté quelques-uns de ces commentaires, dites-nous qu'en pensez-vous ? Quel message voudriez-vous envoyer à l'auditoire?

Dr. Savage:
Bon, je vous donnerai mes messages spéciaux à partir des points que j'ai demandés d'inclure, la dépendance et l'abus. Alors, mes messages spéciaux seraient d'abord que nous considérons aussi bien la douleur associée à la DSR/SDRC que l'addiction comme des conditions médicales, lesquelles peuvent causer beaucoup de souffrance, et nous devons suivre de très près chacune d'entre elles. Nous devons traiter la douleur d'une manière agressive et plus souvent, c'est-à-dire, une approche interdisciplinaire, à l'aide des approches cognitives/comportementales, une thérapie physique, peut-être des procédures opératoires et toute une variété de médications. Mais quand les opiacés sont utilisés, nous devons prêter attention à la possibilité ou risque d'addition ; il faut surveiller les patients, non seulement leur douleur, mais leur niveau de fonction, leur humeur, leur sommeil, pour nous assurer que les médications les soulagent et améliorent leur qualité de la vie, et déceler opportunément l'abus ou la dépendance parce qu'ils sont des problèmes qui risquent la vie, les découvrir opportunément s'ils sont présents. Si nous devons continuer la thérapie opiacée chez quelqu'un qui développe une addition, nous devons nous associer à quelqu'un qui connaît la toxicomanie, travailler ensemble pour aider ce patient à soulager sa douleur, et surveiller leur rétablissement ou les aider à l'atteindre.

Un petit commentaire final. Je suis d'accord avec vous d'augmenter la dose opiacée de 25% à 100% si vous titrez d'une manière agressive, si c'est approprié de titrer agressivement, pour la plupart des opiacés, mais je serais très prudente au titrage de la méthadone pour obtenir un état stable de la méthadone, alors nous devons titrer un peu plus lentement. Merci beaucoup.

Dr. Kirkpatrick:
Merci beaucoup, Dr Savage. Dr Wilson, quel est votre message spécial d'aujourd'hui?

Dr. Wilson:
Bon, le message spécial, je pense qu'il faut faire comme nous sommes en train de faire. Plus d'éducation à tous les niveaux. Je pense que l'éducation est d'importance capitale parce que l'une des raisons de notre mariage avec beaucoup de patients est que les médecins de soins primaires ne sont pas à leur aise. Je veux dire, cela se doit en partie à la manque de connaissances appropriées sur les opiacés, et à vrai dire, ils ne doivent pas faire des choses dont ils ne sont pas bien informés, préparés et prêts à faire. Mais, je pense que c'est très important qu'ils prennent le message que nous renseignons les médecins de soins primaires et que nous pouvons travailler ensemble, de cette façon nos cliniciens ne seraient pas si occupés avec tant de patients que nous avons réussis à stabiliser, et tout ce que nous pouvons faire pour toutes ces personnes est justement de continuer à prescrire et à poursuivre les prescriptions tous les 30 jours. Et alors, si nous avons assez de chance qu'ils les rapportent, et puis si les médecins de soins primaires ne sont pas instruits au sujet des opiacés, dans peu de temps le patient reviendra à nous plein de problèmes.

Dr. Kirkpatrick:
C'est ça, c'est ça. Bon, il semble que tout le monde se fait écho de ça aussi. Dr Lebel?

Dr. LeBel:
Oui.

Dr. Kirkpatrick:
Dites-nous qu'en pensez-vous, particulièrement en ce qui concerne la population pédiatrique.

Dr. LeBel:
Bon, je pense que les enfants, comme l'on a déjà souligné, c'est une population qui a un pronostic généralement favorable, et par conséquent, les opiacés en tant que traitement pour ce groupe, s'ajustent plus à l'emploi aigu du Dr Butler pour faciliter la rééducation fonctionnelle dans toutes les sens, aussi bien chez les patients hospitalisés que chez les patients en consultation, et ce sont d'habitude des traitements courts et non pas à long terme, sauf dans des cas très, très rares. Je voudrais préciser que grâce au pronostic favorable des patients pédiatriques, nous avons l'occasion de les traiter opportunément et efficacement, poussant en avant les stratégies de rééducation, traitant adéquatement la douleur pour permettre à l'enfant de poursuivre ce type de rééducation, et nous avons l'occasion comme praticiens d'empêcher ces patients de continuer à avoir des troubles chroniques de douleur, ce qui est un impératif. Et j'insiste vraiment sur la nécessité de faire des recherches supplémentaires dans toutes les populations, les personnes âgées, les enfants et la plupart des adultes, sur l'emploi des opiacés chroniques et les opiacés aigus pour la douleur neuropathologique.

Merci beaucoup de me laisser participer. Il a été très instructif pour moi.

Dr. Kirkpatrick:
Merci, Dr Lebel. Dr Kost-Byerly?

Dr. Kost-Byerly:
Oui, je suis d'accord avec le Dr Lebel. Je pense, bien que les opiacés ne soient pas le premier traitement de choix pour la DSR/SDRC chez les enfants, qu'ils doivent être considérés comme partie d'une approche pharmacologique dans un traitement multidisciplinaire. Je ne pourrais plus être aussi d'accord avec le Dr Kiefer en Allemagne ou avec Dr Lebel, au sujet de la nécessité de plus de recherches. Je crois particulièrement qu'il faut plus de recherches pour le sous-groupe de patients, même les patients pédiatriques, qui ne répondent pas favorablement à la thérapie physique ou aux procédures comportementales les plus communes. Je pense que c'est très nécessaire donc nous pouvons empêcher potentiellement ces patients des années de souffrances.

Je voudrais vous remercier d'avoir pu y participer et je pense que c'est un symposium passionnant.

Dr. Kirkpatrick:
Bon, merci beaucoup, Dr Kost-Byerly, votre présence ici est un privilège pour nous.



QUESTIONS ET RÉPONSES

Dr. Kirkpatrick:
Bon, restez là, s'il vous plaît, parce que je suis retourné et j'ai ramassé quelques télécopies, quelques-unes de ces questions, là, là, il y a quelques questions difficiles ici. Donc, je devrai dire tout simplement de sauter juste. Ceux qui sont dans les endroits lointains et je veux voir les plus braves. Cette question a été posée à maintes reprises, alors êtes-vous prêts pour la grande question? La voici.

Vous avez un patient qui est sous contrat, il le rompt. Il a une douleur chronique et il en souffre. De temps en temps, il peut se tordre de douleur. Il a été dans un programme de réhabilitation, un programme de rétablissement et il rechute… vous comprenez la question, qu'en faites-vous ? Qu'en faites-vous ? Bon, ne levez pas les mains tout d'un coup.

Laissez répondre en premier les gens qui sont dans les endroits lointains. Est-ce qu'il y a quelqu'un dans l'un des endroits lointains, soit aux États-Unis soit à l'étranger, qui voudrait envisager cette question ?

Dr. Butler:
Je peux prendre des risques sur cela.

Dr. Kirkpatrick:
Merci beaucoup.

Dr. Butler:
C'est Dr Butler qui parle. J'ai eu plusieurs patients qui ont agit de même et je me suis assis et j'ai parlé avec eux très franchement et je leur ai expliqué le problème : Je pense que vous abusez de ces médications et je ne suis pas sûr si vous en tirez profit. Et je leur explique que s'ils manquent une fois au contrat, je parle avec eux, mais si cela arrive pour la deuxième fois, je les avertis alors qu'ils ont deux options. L'une est qu'ils peuvent rentrer au traitement par drogues. La deuxième est que je m'en " désintoxiquerai " et qu'ils devraient chercher un autre médecin s'ils continuent, s'ils veulent continuer à prendre ces médications, parce que je peux le faire sous cette condition. Je ne crois pas qu'ils sont utiles et que le problème n'est pas la douleur ; le problème le plus important est l'abus des drogues. Voilà ce que j'ai fait. Mais, parfois tout ce qu'ils ont besoin est d'affection.

Dr. Kirkpatrick:
Dr Butler, encore une fois, qu'est-ce que je peux vous dire. Si vous vous êtes rendu compte vous aurez vu beaucoup de personnes secouant leur tête en signal d'accord. Est-ce que personne d'autre ne voudrait envisager cette question ?

Dr. Savage:
Oui. C'est le Dr Savage.

Dr. Kirkpatrick:
Oui, Dr Savage.

Dr. Savage:
Je suis essentiellement d'accord avec tout ce qu'il dit. J'ajouterai, cependant, que les raisons qui poussent les gens à rompre les contrats sont très variables. Nous devons faire une évaluation individuelle des causes et des faits, c'est à dire de tout ce qui s'est passé en réalité. Si la personne rechute dans l'addiction et a un trouble de dépendance active, ce n'est pas sûr pour elle d'utiliser des médications opiacées, et nous devons l'aider à se récupérer, et être lutteur pour le faire ; et puis une fois récupérée être bien organisés pour lui fournir de nouveau des opiacés si nous choisissons de le faire, parfois en les dispersant même sur une base quotidienne que nous avons faite.

L'objectif fondamental est de protéger le patient, mais finalement je pense que nous devons reconnaître que nous ne pouvons pas aider tout le monde, et qu'il pourrait y avoir des problèmes de sécurité que nous n'y pouvons rien. Cela veut dire que nous devons diminuer petit à petit les opiacés, et je ne les adresserais nécessairement à personne d'autre à moins qu'ils ne le décident, mais je continuerais à les suivre attentivement avec des approches non opiacées pour le traitement et les soutiendrais s'ils ont besoin pour leur récupération et contre la douleur.

Dr. Kirkpatrick:
Si j'ai bien entendu, Dr Savage, vous dites que… vous devez presque… si vous voulez jouer ce jeu, vous devez prévoir que quelques-uns d'entre ces patients vont faire une rechute, et le mieux est d'envisager un programme, de mettre un plan en place. Est-ce que j'ai bien compris ?

Dr. Savage:
Oui, et ce traitement de la douleur, la promesse et l'offre de traitement de la douleur, un traitement efficace contre la douleur, pourraient être en réalité un soutien pour les aider à se récupérer.

Dr. Kirkpatrick:
Très bien. Nous avons du temps pour une autre question. Bon, nous avons beaucoup de questions, mais je pense que c'est une question très importante, donc je vais l'arranger ici.

La question est la suivante : Les patients qui développent une tolérance aux effets analgésiques des opiacés, est-ce que ça c'est une chose pour toute la vie ? S'ils décident plus tard de se débarrasser eux-mêmes des opiacés, est-ce qu'ils continuent à être tolérants ? Est-ce que nous avons quelque information scientifique empirique, quelque chose qui nous aiderait à comprendre ça ?

Une autre question relative à ça c'est : Qu'est-ce que… qu'est-ce que… Est-ce que nous connaissons… Est-ce qu'il y a certains individus ou certaines caractéristiques d'individu qui développent plus rapidement une tolérance aux opiacés que les autres ? Alors, en réalité c'est une question à deux parties. Allons en prendre une par une.

La question est la suivante : Est-ce qu'il y a un changement permanent dans votre corps quand vous développez une tolérance aux opiacés ou est-ce qu'il y a ensuite un retour de votre sensibilité aux effets analgésiques ? Qui est-ce qui voudrait en parler, n'importe qui soit à un endroit lointain soit à l'Université du sud de la Floride ?

Dr. Kost-Byerly:
Je peux répondre ça ; c'est le Dr Byerly de Johns Hopkins.

Dr. Kirkpatrick:
Merci, Dr Kost-Byerly.

Dr. Kost-Byerly:
Comme spécialiste en douleur et anesthésiologiste, je peux vous dire, suivant mon expérience, que quand nous avons des patients traumatisés, d'autres patients sous opiacés à haute dose sur une longue période, qui retournent finalement au bloc opératoire, leur besoin, s'ils se sont tenus éloignés de la médication sur une certaine période, revient presque à la normalité, ils auront alors un besoin analgésique normal. Évidemment, s'ils prennent encore des opiacés à hautes doses, ceci doit être pris en considération et il leur faudra plus fortement une chirurgie, potentiellement.

Dr. Savage:
Je pense, du point de vue de la médecine d'addiction, que je donnerai la même réponse. Nous connaissons que beaucoup de personnes qui ont été désintoxiquées des opiacés illicites, supposons, pendant une période en prison, et qui retournent ensuite dans la rue, sont à très haut risque de surdose parce que leur tolérance a significativement diminué.

Dr. Kirkpatrick:
Merci, Dr Savage. C'est très important, très important. Ce n'est pas seulement important pour les Spécialistes en douleur, mais pour l'Anesthésiologiste qui doit fournir l'anesthésie à ces patients. Est-ce que quelqu'un sait s'il y a une certaine caractéristique de personne qui est plus au risque de développer une tolérance qu'une autre, soit par exemple, l'âge soit d'autres problèmes de santé coexistant, ils développent une tolérance plus rapidement ? Je ne sais rien à propos de ça. Est-ce que quelqu'un dans n'importe quel endroit lointain a des connaissances à partager sur cette question ?

Dr. Butler:
Je n'en ai aucune, mais…

Dr. Kirkpatrick:
Tout le monde est attentif à vous, Dr Butler. On vous écoute.

Dr. Butler:
Je n'ai aucune information, mais d'après mon expérience les patients traités pour des choses telles que l'anxiété, sont à plus haut risque de développer une tolérance rapide. S'ils ont un trouble de douleur, mais ils ont aussi une trouble sous-jacent d'anxiété qui n'a pas été bien traité, ce sont eux qui tendent à intensifier les doses beaucoup, beaucoup plus rapidement.

Dr. Kirkpatrick:
Bon, en réalité cela a beaucoup de sens et je pense que quelques-uns de nos panélistes ici sont d'accord avec vous d'après leur expérience aussi, ils voient la même chose sans aucun doute. Alors, la douleur en quelque sorte, concernant la douleur elle-même, est-ce qu'elle protège quelque peu contre le développement de la tolérance aux médications, je pense que c'est ce que je vous ai entendu dire ?

Dr. Kost-Byerly:
Bon, chez les patients, je connais ça chez les patients qui sont traités, supposons, par des infusions de fentanyl dans une unité des soins intensifs, le développement de la tolérance peut être plutôt rapide. Plus récemment, cependant, j'étais d'accord avec… je pense qu'avec Dr Savage. Je pense que c'est le Dr Savage qui a dit qu'une augmentation plus rapide du niveau d'analgésique dans le sang, le niveau de CSF, pouvait conduire à un développement plus haut, peut-être à un développement plus rapide de la tolérance. Bien que les études les plus récentes n'aient pas soutenu le rémi-fentanyl, lequel est à action plus immédiate et un début plus rapide. Donc, je pense que cela peut, peut dépendre de l'analgésique lui-même, au moins cela dépend du patient.

Dr. Kirkpatrick:
Merci beaucoup, Dr Kost-Byerly. Je pense que nous sommes prêts à clôturer ce symposium, mais avant ça, je voudrais vraiment remercier le panel du tout le monde. Je voudrais remercier le personnel de l'Université du sud de la Floride, il y a eu un effort d'équipe herculéen pour que cette réunion ait lieu en temps réel et soit interactive. Enfin, mais notamment, je veux remercier l'auditoire de sa participation. J'espère que vous avez profité de cette expérience autant que nous.

Merci beaucoup.



RÉFÉRENCES


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