Fondation Internationale de Recherches pour RSD/CRPS

 

TÉMOIGNAGE DEVANT LE CONGRÈS

COMITÉ DES MOYENS ET FINANCES DU CONGRÈS DES ÉTATS-UNIS

COMMISSION DU COMMERCE INTERNATIONAL DES ÉTATS-UNIS

WASHINGTON

LE 19 SEPTEMBRE 2000

 

Audience à la demande du représentant du Parti démocrate de New York, Charles Rangel, devant la Comité des Moyens et Finances du Congrès

 

Anthony F. Kirkpatrick, MD, PhD

 

Président du panel du Comité des Moyens et Finances du Congrès :

Votre bureau nous a communiqué au préalable que votre vol de retour à la Floride était apparemment incorrect, et que vous devez partir plus tôt. C’est pourquoi, pour accommoder votre témoignage j’ai placé votre exposition à la fin et vous serez le dernier témoin de ce panel. J’ai su, Docteur, que vous avez porté un témoignage similaire… que vous avez porté témoignage devant le Comité des Moyens et Finances il y a deux ans.

 

Dr Kirkpatrick :

C’est correct. C’était une présentation, non pas un témoignage.

 

Président :

Exactement, d’accord, d’accord. Vous pouvez continuer.

 

Dr Kirkpatrick :

M. Président, je suppose que vous avez une copie de ma première déclaration  à l’audience?

 

Président :

Oui.

 

Dr Kirkpatrick :

Je m’appelle Anthony Kirkpatrick. Je suis médecin à l’Université du sud de la Floride. Je ne pourrais pas vivre avec moi-même si je continue sans signaler quelques déclarations fausses et trompeuses des témoins précédents. Certains témoins comptent sur ce que j’appellerais une ignorance empirique.

Le premier mensonge (1) vient de notre représentant de Miami au Congrès des États-Unis. Il a déclaré que les États-Unis permettent des dons en vivres et    médicaments à Cuba. Si vous voulez savoir combien pénible est de faire dons en médicaments à Cuba, parlez avec Global Links, lequel transporte tous les médicaments de l’Organisation panaméricaine de la santé aux États-Unis. Ils vous expliqueront comment ils doivent charger les médicaments dans des camions, et quand ils arrivent au Canada, ils doivent s’arrêter à la frontière et décharger ces camions, et tout ça coûte des milliers de dollars. Une fois au Canada, ils doivent attendre un bateau au port qui, suivant les règles de l’embargo, est prêt à respecter la règle des six mois pour mener ce chargement à Cuba. De sorte que vous ne devez pas vous étonner si beaucoup de ces médicaments atteignent leur date d’échéance avant d’être même embarqués.

 

Le mensonge numéro deux (2) vient de nouveau de la part de notre représentant de Miami au Congrès. Il a dit que « d’après le département du Commerce, presque 3 milliards en aide humanitaire ont été envoyés à Cuba depuis les Etats-Unis entre 1992 et 1997 ». Le mot clé c’est « ont été envoyés ».

 

Regardez, le département du Commerce n’a aucune idée de combien d’aide humanitaire a été envoyée à Cuba depuis les Etats-Unis entre 1992 et 1997. Ils n’accordent que des licences de chargement. De fait, les donateurs surestiment délibérément la valeur, les quantités à embarquer afin d’atteindre une flexibilité plus large pour expédier les dons de médicaments et d’autres marchandises humanitaires à Cuba.  

 

Le mensonge numéro trois (3) vient de notre congressiste de Miami. Elle a abordé la question des trois avions qui volaient dans l’espace aérien cubain, qu’il n’y a pas eu de violation de la loi, de la Loi internationale. Bon, laissez-moi vous dire que Dr Dan Greenwald, qui est un spécialiste en chirurgie esthétique, et moi, nous venons d’être privilégiés du premier permis de transport de médicaments à Cuba dans notre avion privé, alors je sais quelque chose sur les lois impliquées. L’un de ces avions, le leader de ce groupe, de Frères au Secours, a vraiment violé l’espace aérien cubain et… malgré l’avertissement. Et je vous dirais, messieurs, que si je vole, comme pilote, dans cet espace aérien, je dois savoir que ça sera un risque pour ma propre vie et la vie de n’importe quelle autre personne que j’amène vers cet espace en ce moment.

 

Laissez-moi maintenant revenir au sujet de la santé publique et à mon témoignage ici aujourd’hui. Mes recherches auprès des sanctions imposées au secteur de la santé publique à Cuba ont été pratiquement publiées dans toutes les principales publications médicales du monde entier.

 

On m’a demandé de témoigner le 3  février 1995 devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme de l’Organisation des États américains. J’ai rendu témoignage… vidéo… et déclarations écrites sous serment montrant comment des produits médicaux spécifiques sont empêchés d’arriver aux hôpitaux d’enfants à Cuba. Le résultat final de cette audience a été que les représentants de l’Organisation des États américains ont conclu que l’embargo des Etats-Unis a empêché Cuba d’acquérir des médicaments, et que l’inclusion des denrées et médicaments dans ces sanctions violait les lois internationales, et ils ont donc envoyé une lettre au gouvernement américain en lui demandant de lever les sanctions contre Cuba.

 

Cinq ans après, aujourd’hui, l’administration de Clinton continue à déclarer faussement que l’embargo, qu’à travers l’embargo, les nourritures et les médicaments ne sont pas niés au peuple cubain. Aussi récent que le 18 janvier 2000, notre secrétaire d’État, Madeleine Albright, a écrit un article dans The Annals of Internal Medicine, le journal médical spécialisé le plus lu dans le monde entier, et je cite, « Les denrées et les médicaments ont été toujours exemptés des sanctions à Cuba. » Toutefois, l’embargo américain empêche entièrement le système de santé cubain, dirigé par son gouvernement, d’acheter des nourritures essentielles, ainsi que des médicaments et des équipements médicaux à des sociétés américaines dans le monde entier.

 

Ces mensonges ne terminent pas. Le département d’État a publié un « Fact Sheet », encore répandu dans l’Internet. Jetons un coup d’oeil à quelques-unes de ces mensonges.

 

Mensonge numéro un (1) :

 

Le département d’État veut que nous croyions qu’à Cuba on dépense très peu aux soins de santé. Voici son assertion, je cite,

 

« D’après l’Organisation panaméricaine de la santé, le gouvernement cubain consacre actuellement aux soins de santé un pourcentage plus maigre de son budget que des pays tels que la Jamaïque, Costa Rica et la République Dominicaine ».  

 

J’ai envoyé cette citation à l’Organisation panaméricaine de la santé. Ils n’ont pas seulement dénié, ils n’ont pas seulement rejeté ça, mais ils ont aussi dit, « Nous sommes arrivés à une conclusion opposée ». Cuba consacre beaucoup plus aux soins de santé que n’importe quel, que n’importe quel autre pays de cet hémisphère, à l’exception du Canada, quand cela se voit de la même manière que l’Organisation panaméricaine de la santé pense qu’il doit être vu.  

 

Mensonge numéro deux (2) :

 

Le département d’État veut que nous croyions que les médicaments sont systématiquement autorisés pour leur chargement à Cuba, ça c’est leur langage, « systématiquement ». Je cite,

 

« La Loi pour la Démocratie cubaine de 1992 permet l’exportation de médicaments, provisions médicales et équipements à Cuba de la part des sociétés américaines et de leurs filiales. Trente un (31) permis de vente commerciale pour des médicaments et des équipements médicaux et des provisions relatives ont été accordés ».

 

Le fait est que seulement huit (8) ont été accordés, c’est une grande différence avec trente un (31). Les autres permis ont été accordés pour les dons faits soit à Cuba soit à d’autres pays, ou pour des ventes engagées avant que la Loi pour la Démocratie cubaine entre même en vigueur.

 

Mensonge numéro trois (3) :

 

Le département d’État veut que nous croyions que les Etats-Unis n’attaquent pas la santé de civils innocents, même d’enfants. Et je cite,

 

« L’embargo américain ne nie pas (et ne pas est souligné) de médicaments et de provisions médicales à Cuba ».

 

Il y a eu deux (2) études, l’une a été publiée en novembre 1996 par The Lancet. L’autre par l’American Association for World Health en 1997, laquelle montre clairement, comme j’ai signalé tout à l’heure, que l’embargo bloque spécifiquement certains médicaments. De fait, 50% des médicaments les plus importants dans le monde entier sont soumis à la juridiction des Etats-Unis, et par conséquent soumis aux pénibles exigences de l’embargo.

 

Comment le département d’État répond-t-il aux études scientifiques? Que font-ils? Ils signalent que certains médecins cubains sont venus aux Etats-Unis, et ils ont anonymement déclaré que ce n’est pas l’embargo, mais le régime de Castro. Je pense que le département d’État perd toute crédibilité quand ils utilisent des citations anonymes pour réfuter des données scientifiques.  

 

Maintenant, je veux préciser que je ne crois pas que ce sont des erreurs du département d’État. Je ne crois pas qu’ils représentent la confusion ou l’ignorance. Ce qu’ils représentent c’est une politique enracinée de dissimulation de la vérité. Comment est-ce que je sais ça? Bon, laissez-moi vous expliquer à grosso modo quelques faits vérifiables très importants.

 

Le département d’État a été confronté plusieurs fois à ses mensonges par beaucoup de sources. D’abord, en novembre… la recherche que j’ai publiée dans The Lancet, en novembre 1996, a mis au courant des faussetés du département d’État. Dans l’American Association for World Health, en mars 1977, c’était la même chose. Encore une fois, lorsque le département d’État s’est refusé à corriger ses erreurs, j’ai envoyé deux lettres recommandées à la secrétaire d’État M. Albright, mais ils se sont encore refusés à corriger leurs erreurs dans les Fact Sheets. Le Los Angeles Times a même abordé le département d’État. Ils ont dit au Los Angeles Times qu’ils corrigeraient les erreurs, mais ils ne l’ont jamais fait. Le congressiste Esteban Torres a écrit une lettre urgente à Madeline Albright. Encore une fois, ce qu’ils ont rendu c’était beaucoup plus de mensonges. Je partagerais bien volontiers cette information avec la Commission.  

 

Le Comité des Relations internationales du Sénat, encore une fois, plus de faussetés devant ce comité. Le Bureau d’investigations du Congrès a vraiment vérifié ma recherche, et il est arrivé à la conclusion que mes données étaient correctes et le département d’État était faux, et il a été informé de ça. Ont-ils corrigé le rapport? Non. Et très récemment dans l’Annals of Internal Medicine, l’éditeur a envoyé ces faussetés au secrétaire d’État Madeline Albright, et elle s’est encore refusée à même y répondre.

 

Je vois le feu rouge là. [Signal du président de la Commission indiquant que le temps a fini]

 

Avant de vous quitter je voudrais vous montrer ça. Il y a ici un gros dossier. C’est un dossier qui montre la malhonnêteté, et j’espère que si le département d’État ou les congressistes de Miami, s’ils fournissent l’information, j’espère qu’elle sera soigneusement, attentivement examinée. Merci beaucoup. 

 

Président :

Merci beaucoup, docteur. Puisque votre temps est limité, j’ai pensé revenir aux membres du panel pour voir s’il y a quelqu’un qui ait une question à vous poser, et si non je vous laisserais alors partir et prendre votre vol. Est-ce qu’il y a quelque question à poser? Bon, s’il n’ y a personne… heu… M. Hays?

 

Dennis K. Hays :

Je ne peux pas parler au nom du département d’État maintenant, mais de 1993 à 1995 j’ai été le directeur des Affaires cubains dans le département d’État. Et je peux affirmer que c’était notre intention alors, et je crois que c’est aujourd’hui l’intention du département d’État de faciliter des exportations légales de médicaments sous toutes leurs formes. Les exemples donnés, je ne connais pas tous exactement, mais je suspecte que ce sont des groupes qui ont choisi tout exprès de violer la loi pour échapper à l’embargo, au lieu de travailler ensemble de manière collective et légale pour exporter plus efficacement des médicaments à Cuba. Alors, les problèmes résultant de ça sont tous infligés par eux-mêmes.

Je voudrais dire, cependant, que l’idée que les Frères au Secours ont invité à l’abattement et à l’assassinat de sang froid de trois citoyens américains et d’un résident permanent américain est d’une manière ou d’une autre particulièrement monstrueuse, et j’espère que le professeur aura honte de lui-même si c’est ça ce qu’il a suggéré. Merci beaucoup.

 

Dr Kirkpatrick :

Non, je n’ai pas…

 

Personne inconnue :

Je voudrais ajouter une autre chose. Je demanderais aux membres de la Commission d’aller au site cubain www.cubanacan.cu dans lequel ils font la publicité du tourisme de santé dont j’ai parlé auparavant, et ils décrivent ce qu’ils déclarent… vous savez… très bons médecins et très bons hôpitaux et très bons équipements médicaux dont les touristes peuvent disposer, mais qui sont niés à la population native.

 

Président :

Merci beaucoup. Dr Kirkpatrick, vous êtes dispensé.

 

Dr Kirkpatrick :

Ouais, je ne veux que répondre brièvement.

 

Président :

Dites donc!

 

Dr Kirkpatrick :

Vous êtes le président.

 

Président :

Puisque vous dites brièvement, je vous accorderai une minute de plus et c’est tout. Nous avons tout fait pour accommoder votre témoignage, monsieur.  

 

Dr Kirkpatrick :

Oui, je comprends.

 

Président :       

Vous avez une minute!

 

Dr Kirkpatrick :

Heu, ce n’est pas vraiment clair ce que M. Hays a voulu dire ici, mais ce que je peux vous dire est que l’embargo est forcé. Par exemple, la plus grande société pharmaceutique ici aux Etats-Unis, Merck, n’a été accusée même pas de vendre de médicaments, mais de violations techniques de l’embargo commises par inadvertance. Alors, l’embargo tel qu’il est c’est un énorme moyen de dissuasion. Et merci beaucoup pour m’accorder cette minute.

Président :

Merci beaucoup, monsieur. Vous êtes dispensé.

 

  

 

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